Michael Beasley : de superstar NCAA à joueur NBA ingérable

Michael Beasley : de superstar NCAA à joueur NBA ingérable

Superstar au lycée et à Kansas State, Michael Beasley, 34 ans aujourd'hui, était le meilleur prospect du pays en 2008. Au point où les Bulls ont failli le drafter avant Derrick Rose.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / G.O.D.

Il existe un univers où Michael Beasley, 34 ans aujourd'hui, était le premier choix de draft idéal. Un basketteur long et athlétique, mobile et agile pour sa taille, ambidextre et adroit. L'un des meilleurs freshman de l'histoire de la NCAA. Une machine à double-double qui a bouclé son unique saison universitaire à Kansas State avec plus de 26 points et 12 rebonds compilés par match. Un prodige depuis le lycée où il fréquentait Kevin Durant, élu meilleur débutant de l'année quelques semaines avant la draft 2008. Cet univers, c'est le notre.

Kevin Durant et Michael Beasley : Les deux faces d’une même pièce

'B-EASY' était lui sur une autre planète. Bien trop loin pour ses adversaires, le meilleur joueur de HS du pays (en 2007) dominait comme peu de joueurs ont dominé avant - et après - lui. 'Easy', parce que trop facile. Trop fort, à l'image de ses pointes régulières à plus de 40 points ou 20 rebonds en NCAA. Une superstar en puissance. Au point où le respecté Scoop Jackson d'ESPN invitait presque une dizaine de franchises NBA à perdre volontairement des matches dans l'espoir de mettre la main sur le prochain visage de la ligue.

Michael Beasley, le joueur idéal pour les Bulls en 2008 ?

En parlant de probabilités, les Chicago Bulls n'avaient qu'1,7% de chances de récupérer le premier choix de la draft après une saison 2007-2008 bouclée avec 33 victoires au compteur.

Une année sans marquée par les changements de coaches après trois qualifications consécutives en playoffs et même une demi-finale de Conférence perdue en 2007. Les taureaux ne manquaient pas de talents. Luol Deng et Ben Gordon incarnaient alors l'avenir de la franchise en compagnie de Kirk Hinrich, tous draftés trois à quatre ans plus tôt. Les Bulls avaient des ressources, ils cherchaient désormais un go-to-guy susceptible de faire passer à l'équipe un nouvel échelon. Le premier choix de draft était une aubaine inespérée.

Il restait à choisir entre les deux can't miss players de la cuvée 2008. Deux freshmen, déjà. Michael Beasley d'un côté et Derrick Rose de l'autre. Le meilleur joueur du pays et le petit prince de la 'Windy City', vedette des lycées chicagoans.

Hinrich ne jouissait évidemment pas du même statut que l'ancienne superstar de la Simeon HS mais il était fortement apprécié par les supporteurs de l'Illinois. Il dirigeait le jeu des Chicago Bulls, mêlant sagesse, adresse et vice. Il mouillait le maillot. C'était lui le meneur attitré de la charge des tuniques blanches et rouges.

Les besoins de Vinny Del Negro, fraîchement débarqué sur le banc, se situaient à l'intérieur de la raquette où ni Joakim Noah, ni les valeureux Drew Gooden et Joe Smith n'étaient réellement en mesure de contribuer au scoring au point de provoquer des prises à deux et d'ouvrir le jeu pour les shooteurs de Chicago. Beasley répondait au profil.

Linge sale et mémoire de poisson, Kwame Brown et Michael Beasley n’étaient pas faits pour la NBA

Comment la plus grosse star NCAA s'est grillée elle-même

Le natif de Prince George's County, à l'Est de Washington D.C, dans le Maryland, était lui dans son propre monde. Déconnecté de la réalité, ou plutôt dans la sienne. Celle d'un fils qui a grandi sans son père, sans repères suite aux déménagements fréquents de sa mère. Celle d'un adolescent qui a connu six lycées différents.

Fort de son statut de favori au premier choix de draft, il a été convoqué par les Bulls deux jours avant son principal et unique concurrent. Sweat à l'effigie de la franchise sur le dos, le jeune homme a livré une série de punchlines qui en disent long aujourd'hui sur la tournure que prendrait sa carrière quelques années plus tard. Best of des citations rapportées par ESPN.

- Est-ce qu'il peut avoir en NBA le même succès qu'au lycée ou en NCAA ? "Si j'aime bien le coach."
- Est-ce qu'il connaît les autres joueurs des Bulls : "Il y en a un passé par les Jayhawks (Kirk Hinrich. Les Kansas Jayhawks étant les rivaux des Kansas State Wildcats) et je vais devoir vraiment bosser dur pour m'entendre avec lui."
- Est-ce qu'il a déjà vu jouer John Paxson, le GM de la franchise et ancien coéquipier de Michael Jordan ? "Je ne suis pas aussi vieux."

Tout est une question de tact. Si les aptitudes de Michael Beasley sur le terrain ne font aucun doute, c'est son état d'esprit qui lui joue des tours. Son cerveau. Les réponses données à la presse sont drôles. Bien plus que celles qu'il accordera aux dirigeants des Bulls lors de son entretien avec le propriétaire et le président des opérations basket de la franchise.

Un responsable du développement des joueurs des Los Angeles Clippers racontera quelques années plus tard que le jeune homme a répondu deux ou trois fois à son téléphone portable au cours de la réunion. Lorsque Jerry Reinsdorf, le proprio, lui a demandé ce qui le gênait le plus en NCAA, il a contemplé le vide avant d'avancer "les matches à l'extérieur quand les arbitres sifflent mal".

Deux jours plus tard, un Derrick Rose concentré sur les interrogations de ses interlocuteurs répondait du tac au tac "perdre" à la même question.

And with the first pick of the 2008 NBA Draft, the Chicago Bulls select...

La superstar oubliée

Michael Beasley a atterri au Miami Heat où il a passé les deux premières saisons de sa carrière avant d'être sacrifié et transféré aux Minnesota Timberwolves à l'arrivée de LeBron James en 2010. Mais, malgré des performances encourageantes, le garçon n'avait pas attendu ses premiers pas en NBA pour se distinguer par ses frasques.

Le 3 septembre 2008, alors que les rookies participaient au programme de transition qui leur est dédié, il était soupçonné de se trouver dans une chambre d'hôtel où les policiers ont fait irruption après que l'alarme incendie se soit déclenchée. Ces derniers ont indiqué avoir senti une forte odeur de marijuana sur les lieux. Mario Chalmers et Darrell Arthur, présents dans la chambre, ont été renvoyés du programme et ont écopé de 20 000 dollars d'amende.

Deux semaines plus tard, Pat Riley forçait son rookie à avouer qu'il s'était éclipsé de la pièce avant l'arrivée de la police. Le joueur a ainsi dû casquer 50 000 dollars à la ligue.

Un an plus tard, il intégrait un centre de désintoxication à Houston après avoir publié une photo de lui avec ce qui ressemblait à de la marijuana en arrière plan. En 2011, il était arrêté pour excès de vitesse et les agents de police découvraient de l'herbe dans sa voiture. La même année, il a frappé un homme lors d'un événement de streetball.

En 2013, un nouvel incident poussait les Phoenix Suns à licencier l'ex deuxième choix de draft. Arrêté encore une fois au volant de sa voiture et en possession de marijuana, il a été prié de passer à la comptabilité.

Seul le Heat a accepté de lui donner une nouvelle chance. L'ailier polyvalent a donné un peu de peps au banc vieillissant des Floridiens en 2014 mais ses performances n'ont pas convaincu les dirigeants de le conserver sur le long terme. Il a fini par rebondir. Doucement. D'abord à Houston, puis à New York et Los Angeles. Mais sans jamais vraiment se refaire une place. Avant de disparaître à nouveau. Bien loin de ce qu'il pouvait obtenir avec autant de capacités.

Derrick Rose et lui ont des trajectoires complètement différentes. Chacun a connu des pépins et chacun cherche ENCORE aujourd'hui une façon de revenir au plus haut niveau, même si D-Rose y est partiellement parvenu. Mais l'histoire de "B-Easy" prouve bien que le talent ne suffit pas toujours quand le mental ne suit pas...

Comment Kobe Bryant a aidé Derrick Rose à revenir au top

Afficher les commentaires (0)
Atlantic
Central
Southeast
Pacific
Southwest
Northwest