Gregg Popovich : « Les mecs qui jouent pour moi se font baiser »

Grand manitou des San Antonio Spurs depuis presque vingt ans, Gregg Popovich a su créer une alchimie collective sans égal au sein de son équipe. Parfois même au dépend des individualités.

Gregg Popovich : « Les mecs qui jouent pour moi se font baiser »
Les San Antonio Spurs sont une institution. Une exception dans un monde où l’on cultive les superstars charismatiques. Un cas unique dans la ligue – et même dans le sport professionnel. Les Texans ont le même coach, Gregg Popovich, depuis 1996 et les mêmes joueurs majeurs depuis 2002 et l’arrivée de Manu Ginobili (2001 pour Tony Parker et 1997 pour Tim Duncan). Bien souvent, les éperons sont allés à contre-courant. Ils ont innové. Ils se sont adaptés. Mais ils ont toujours été terriblement efficaces, décrochant quatre titres depuis 1999. Jouer pour San Antonio nécessite des qualités, un état d’esprit et une personnalité particulière. Au fil des années, « Pop » a construit un groupe qui définit parfaitement la notion de collectif. Et ça se traduit sur le parquet, avec des séquences de jeu à couper le souffle. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=-6NbJMq-QfU[/youtube] Si les San Antonio Spurs n’ont pas toujours été des adeptes du « beau jeu », ils ont toujours fait passer le groupe avant les individualités. Une mentalité qui démarque les joueurs texans mais qui a aussi pu leur causer du tort.
« Je pense parfois à nos gars et à leurs statistiques. Ils se font baiser en jouant pour moi. Lorsque vous gagnez 62 matches lors de la saison régulière, dont plusieurs avec une certaine marge, vos joueurs passent moins de temps sur le parquet que les stars des autres équipes. Ça joue sur leurs statistiques, c’est évident. Mais heureusement, mes gars ne pensent pas à ça. » Explique Gregg Popovich au cours d’une interview très intéressante pour le San Antonio Express News.
Aucun joueur des Spurs n’a passé plus de 31 minutes sur le parquet cette saison. Chaque année, Gregg Popovich et son staff gèrent avec précaution le temps de jeu des cadres. Si le collectif texan est aujourd’hui mis en avant, n’oublions pas qu’aucun joueur de la franchise n’est considéré comme une star « bankable », une superstar sur les parquets et un produit marketing en dehors. Aucun joueur des Spurs n’intègre les dix premières places des ventes de maillots. Aucun joueur des Spurs n’est vraiment mentionné (hormis Tony Parker qui finit toujours par être oublié au moment du vote) comme un MVP potentiel depuis que Tim Duncan a pris de l’âge. Imaginez les statistiques qu’auraient pu aligner le futur Hall Of Famer s’il avait été drafté par une autre équipe que les Spurs en 1997 ? Ce constat s’applique évidemment à la plupart des joueurs de San Antonio.

L’accent international

Il est impossible de parler des San Antonio Spurs sans évoquer l’ouverture d’esprit des dirigeants texans. Quand la grande majorité des franchises NBA ont misé sur des prospects à peine sorti de l’université ou formé par le système AAU aux Etats-Unis, les éperons se sont tournés vers l’international et plus particulièrement l’Europe. Avec pas moins de 9 internationaux, San Antonio est de loin la franchise avec le plus « d’étrangers » dans son effectif. Mieux encore, ils sont parvenus à intégrer tout ce beau monde, et ce malgré des cultures différentes et des personnalités différentes.
« On croit au fait que chacun se soucie plus du groupe que de sa propre personne. Il faut respecter le fait que certains gars sont issus d’un autre pays, d’une autre culture. On a tous grandi différemment. Mais il faut faire sentir à chacun qu’il est ici chez lui et qu’il est apprécié de tous. Ça aide à construire un groupe où tous les gars veulent jouer ensembles mais aussi les uns pour les autres. Ça ne veut pas dire que l’on va gagner tout le temps mais au moins vous prenez du plaisir à jouer ensemble. »
Peut-être est-ce là le secret des San Antonio Spurs, installés au sommet de la NBA depuis plus de quinze ans...