Faut-il vraiment croire aux Grizzlies ?

Les Memphis Grizzlies veulent remonter la pente après une saison catastrophique. La franchise a des arguments… mais peut-être pas assez pour aller au bout de ses ambitions.

Faut-il vraiment croire aux Grizzlies ?
50 victoires. Et les playoffs. Le beurre et l’argent du beurre, en somme. Robert Pera, le propriétaire des Memphis Grizzlies, a annoncé lui-même les objectifs de sa franchise pour la nouvelle saison à venir. Il a vu haut. Trop haut ? Le milliardaire ne veut plus que son équipe soit l’une des risées de la ligue. Parce que l’exercice précédent a été terriblement mauvais. Seulement 22 victoires, soit le plus mauvais bilan sportif de l’organisation depuis 2008. Mais cette déroute s’explique aussi par une entreprise de tanking à peine masquée. Les Grizzlies ont surfé sur les blessures de leurs deux patrons, Mike Conley et Marc Gasol, pour envoyer des groupes de départ presque aussi rocambolesques que ceux des Sacramento Kings en pré-saison. Avec évidemment un paquet de défaites à la clé – dont une rouste monumentale de 60 pions contre les Charlotte Hornets. Mais « Ball don’t lie » et Memphis a « payé » le prix de son tanking en descendant à la quatrième place le soir de la loterie alors que la franchise pouvait prétendre au deuxième choix. Peu importe. Les dirigeants ont mis la main sur Jaren Jackson Jr et, vu le potentiel du bonhomme, c’est déjà une belle victoire. Avec le recul, on peut presque se dire que cette saison sabordée était nécessaire pour les oursons. Déjà parce qu’ils n’ont pas enclenché un processus de reconstruction en transférant leurs stars. Du moins pas encore. Ils ont profité des blessures pour poser une année quasiment sabbatique. Les voilà donc de retour avec l’ambition de reprendre là où ils s’étaient arrêtés en 2017, à savoir au premier tour des playoffs. Les Memphis Grizzlies ont gardé la même ossature avec l’axe fort formé par Conley et Gasol. Un meneur longtemps sous-estimé capable d’alterner playmaking et scoring. Et un pivot technique avec du touché pour conclure. Deux « 2 way players ». Des gars discrets mais parmi les références de la NBA à leur poste. S’ils restent en bonne santé, ils devraient porter l’équipe à un bilan respectable. Sauf qu’à côté de ça, le management a ajouté des joueurs de devoir efficaces et utiles au bon fonctionnement d’un groupe. Garrett Temple est arrivé en provenance de Sacramento. Kyle Anderson a été déniché aux San Antonio Spurs pour un montant honorable (37 millions sur quatre ans). Rien de flashy mais ça reste solide. Puis il y a bien sûr Jackson Jr. L’intérieur de 19 ans (il vient à peine de les fêter le mois dernier) n’est pas le rookie le plus impressionnant de la cuvée mais il reste l’un des plus grands potentiels de sa promotion. Parce qu’il a parfaitement le profil pour briller au sein du basket moderne. Il est long, athlétique, mobile, adroit… la panoplie quasi-complète. Enfin, sur le papier. Il va devoir développer tout ça avec le temps. Mais les bases sont là et elles sont intéressantes. Le gamin peut déjà jouer au côté de Gasol. Il a une mécanique de tir assez fluide (avec un carton derrière l’arc en pré-saison) et est susceptible d’étirer le jeu – là encore POTENTIELLEMENT. Sa vitesse latérale devrait lui permettre de défendre sur des intérieurs fuyants en laissant le contrôle du cercle à l’Espagnol. Le jeune homme est amené à finir pivot. Mais en attendant, Memphis tient là une doublette intéressante qui lie deux générations et deux besoins : rester compétitif tout en développant un jeune talent. Dillon Brooks, rookie prometteur l’an passé, devrait lui aussi contribuer au sein de la rotation. Le reste de l’effectif reste tout de même limité. Surtout pour la Conférence Ouest. La profondeur de banc n’est pas dingue. Le coach, J.B. Bickerstaff suscite également de nombreuses interrogations. A-t-il vraiment l’étoffe d’un entraîneur principal ? Peut-il tirer ce groupe vers le haut ? On reste sceptiques. Les Grizzlies auront vite des réponses. Et si l’expérience venait à capoter, les dirigeants auront des choix à faire. Parce que Memphis a typiquement le profil de l’équipe qui reste coincé au milieu de tableau, entre la huitième et la onzième place. Là, à ce moment-là, peut-être faudra-t-il à nouveau songer à une reconstruction. Une vraie, cette fois-ci.

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