Les Hawks vont vous faire kiffer… dans trois ans !

Les Hawks vont vous faire kiffer… dans trois ans !

Pour l'instant, les Atlanta Hawks sont nuls et moqués. Mais le projet mis en place n'est pas si mauvais et le vent pourrait tourner rapidement.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / ANALYSES / Focus
Les (quelques) supporteurs des Atlanta Hawks ont sans doute eu envie de frapper dans des murs le 21 juin dernier. Soir de draft. Un moment tant attendu pour la franchise qui avait déglingué son effectif un an avant, justement dans l’espoir de dénicher une pépite à la loterie. Troisième choix. Avec la possibilité de prendre Luka Doncic, le prodige slovène, grâce à la bêtise stratégie des Sacramento Kings, obnubilés par Marvin Bagley III. Même depuis leur « dirty south », les passionnés des faucons ont pu analyser et décortiquer les performances de Doncic à Madrid. Il était le choix du peuple. La direction de leur équipe favorite en a décidé autrement. Elle a zappé le golden boy blondinet. Ce sera Trae Young, un produit US – dont peut-être plus sûr aux yeux d’observateurs américains encore sceptiques à chaque fois qu’un Européen est annoncé parmi les cinq premiers choix de la draft. Vent de révolte sur Twitter. Que ce soit en Géorgie ou sur le Vieux Continent, les internautes sont désabusés. Ils ont osé. Oser rétrograder de deux rangs alors que les trois premiers picks de la cuvée 2018 faisaient saliver la planète basket. Avec en prime le culot de piocher le joueur le plus controversé parmi les têtes d’affiche de la promotion. Pour certains, Young sera une star. Pour d’autres, un bust. Nous, pour l’instant, on tire une ligne droite allant de Shabazz Napier à Stephen Curry, et on le place pile au milieu. Pas dégueu, pas extraordinaire non plus. Les fans des Hawks ont craqué à chaud. Puis la tension est redescendue. Ils ont digéré. Et aujourd’hui, ils gardent leur confiance envers le management de l’organisation. Parce qu’ils ont pris le temps d’intégrer la stratégie et d’imaginer le futur. Alors, oui, les blagues sur Doncic vont leur coller à la peau encore un moment. La carrière de Young sera constamment liée à celle de son compère des Dallas Mavericks, surtout si ce dernier cartonne pendant que le rookie d’Atlanta se plante. Yep, les dirigeants ont peut-être (probablement fait une erreur) en transférant leur choix de draft dans le Texas. Mais maintenant, oublions tout ça. Parce que le projet, à Atlanta, il n’est pas si nul. Au contraire, même. Il est intrigant. Revenons à la draft. Encore. Même si c’est douloureux. Young n’a pas seulement été échangé contre Doncic. Les Mavericks ont aussi filé leur pick 2019 – protégé 1-5 – dans le deal. C’est un atout non négligeable. Un asset qui peut servir lors d’un transfert (ce ne sera pas le cas). Aujourd’hui, ce pick a presque autant de valeur sur le marché que le trentième meilleur joueur NBA. C’est surtout un moyen pour Atlanta de s’assurer quasiment deux choix intéressants en 2019. Deux choix dans le top dix. Avec là encore la possibilité de faire une réunion des deux pour éventuellement drafter plus haut le moment venu. Un pick de plus, plein de nouveaux débouchés. Trae Young n’est pas comme Luka Doncic. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’a pas de potentiel pour autant. Ce serait un peu vite oublier que le gamin a terminé meilleur marqueur ET meilleur passeur du championnat universitaire pour sa première et unique saison en NCAA. Du jamais vu quand même. Il n’a pas porté sa fac vers les sommets mais c’est aussi parce que contrairement à plein de prospects, lui était entouré de futurs comptables, managers, banquiers, allez savoir. Ça n’enlève rien aux qualités du bonhomme. Oui, c’est une sacrée gâchette, même si ses pourcentages (42% aux tirs, 36% à trois-points) ne font pas rêver. Ça reste correct vu le volume : 19 tentatives par match et 10 derrière l’arc. Mettez lui de bons coéquipiers autour de lui, des angles plus ouverts et son efficacité augmentera du même coup. Pas sûr que ce soit le cas dès sa première saison en NBA. Mais vous avez compris l’idée. Sa mécanique est pure, il a déjà le geste pour shooter avec les distances pros. Vous savez quoi ? Ce n’est même pas son premier point fort. Le meneur est avant tout un excellent passeur. Sa vision du jeu est vraiment stupéfiante pour un joueur de son âge (20 berges). Et ses partenaires vont se régaler. Et donc l’adorer. Allez, osons : il y a un peu de Steve Nash. Dans le style. Un Nash moderne qui serait arrivé dans la ligue d’aujourd’hui, celle où les porteurs de balle shootent vingt fois par rencontre. Ne vous enflammez pas, on l’a déjà situé entre Napier et Curry. On ne vous le présente pas comme un futur MVP. Mais comme un vrai bon jeune joueur qui peut se développer en prospect très intéressant. Les Hawks ne disposaient pas d’un seul pick. Ils ont aussi sélectionné Kevin Huerter, un autre sniper. 50% aux tirs, 41% derrière la ligne à trois-points à la fac. Presque 15 pions de moyenne en tant que sophomore à Maryland. Et des comparaisons avec Klay Thompson pour cet arrière de 2,01 m. Par « comparaisons », il faut comprendre que le bonhomme a un profil proche de la star des Golden State Warriors. Pas le même talent. Le profil. C’est ça le mot clé. Tout comme Young a des airs de Curry. Ce n’est justement pas anodin si Travis Schlenk – ancien membre du staff des Dubs et nouveau GM des Atlanta Hawks – a choisi ces deux joueurs. La copie – peut-être du pauvre mais en même temps les Warriors sont une référence absolue qui paraît difficile à atteindre – est là. C’est la politique Schlenk. Faire d’Atlanta un nouveau Splash City. Et il y a là les bases mine de rien ! Le dirigeant a aussi drafté Omari Spellman avec le dernier choix du premier tour. Un intérieur robuste qui plantait 11 points et 8 rebonds pour sa saison freshman avec Villanova. Il a même gagné le titre NCAA. Trois rookies qui ont quelque chose à apporter. Ajoutez-y John Collins et Taurean Prince et vous avez déjà un projet intéressant. Le premier est l’un des steals de la draft 2017. Le second est l’un des steals de la draft 2016. Les deux sont capables de s’imposer comme des joueurs plus que corrects en NBA. Deux bons éléments de rotation. Collins pointait à 10 points et 7 rebonds pour sa saison rookie. Il peut s’affirmer comme le partenaire idéal de Trae Young sur le pick-and-roll. Prince est lui dans le moule « 3 and D » et claquait presque 15 points avec plus de 4 rebonds de moyenne pour son année sophomore. Solide. Oui, la base est solide. Ça manque peut-être d’une superstar en puissance, surtout si on part du principe que Young sera à mi-chemin entre Curry, un MVP, et Napier, un joueur de banc. Mais ce n’est pas grave. Parce que Young ne sera peut-être jamais la pierre angulaire du projet des Hawks. Ou alors seulement pour la saison à venir. Atlanta vise déjà 2019. D’où le pick récupéré aux Mavericks. Quelque part, Schlenk n’a même pas vraiment choisi entre Young et Doncic. Il a tranché entre Doncic et l’élite de la draft 2019. C’est peut-être tout de même une erreur. Mais le choix se défend un peu plus. [caption id="attachment_430815" align="alignnone" width="730"] R.J. Barrett, le futur bijou des Atlanta Hawks ?[/caption] Il paraît évident que le groupe, trop jeune et drivé par un nouveau coach, Lloyd Pierce, va perdre un paquet de matches lors de l’exercice à venir. Un bilan à 25 victoires à tout casser ? 27 ? Ce serait déjà une légère progression (24 en 2018). Les Hawks s’ouvriraient surtout les portes du top quatre de la draft. La NBA a changé ses règles et le quatrième plus mauvais bilan de la saison a désormais un peu plus de chance de choper le jackpot à la loterie. Atlanta réclame déjà R.J. Barrett, son Kevin Durant à ajouter à son backcourt à la Warriors. Le Canadien est présenté comme la future superstar de la ligue. Un Andrew Wiggins plus sérieux. Plus leader. Plus fort. Une formation composée de Young, Huerter, Barrett, Prince et Collins feraient saliver de nombreux fans. De nombreux fans. Si ce n’est pas R.J. ce sera peut-être Zion Williamson ou Cameron Reddish. Deux autres stars en puissance. Même Nassir Little, le phénomène de Kansas, a son petit potentiel bien kiffant. Sauf catastrophe, la franchise mettra la main sur l’un de ces quatre joueurs. Et là, y’a de la « young super team » comme dirait la tête pensante des Kings. Le pari ne sera pas forcément gagnant. Les Hawks regretteront peut-être toujours de ne pas avoir pris Luka Doncic. La loterie reste un jeu de semi-hasard qui peut leur jouer un mauvais tour. Mais, contrairement à d’autres franchises, il y a au moins une direction claire. Une ambition. D’ici trois ans, le temps que ce petite monde prenne de l'expérience, vous aurez peut-être envie de monter dans le wagon d’une équipe dont tout le monde se moque (ou ignore) depuis un bon moment.

Notre autres previews NBA

Afficher les commentaires (0)
Atlantic
Central
Southeast
Pacific
Southwest
Northwest