France-Argentine : le calvaire des cadres

Agressivité, adresse, attitudes, l'équipe de France a été totalement en-dessous de ses registres habituels, à l'image de ses cadres

France-Argentine : le calvaire des cadres
La leçon de 2014 reçue par la Serbie avait été terrible à encaisser. Cinq ans plus tard, la Chine a été le théâtre d'un semblant de bis répétita pour l'équipe de France. Ils nous avaient pourtant presque persuadé qu'après l'exploit face à Team USA, ils avaient appris de leurs erreurs du dernier Mondial. Pas d'effusion de joie dans le vestiaire, des discours ambitieux et des visages concentrés, déjà prêts à croiser le fer avec l'Argentine. Tout était écrit pour que les Bleus rejoignent leurs ennemis intimes espagnols pour une finale dimanche. Mais le retour sur Terre a été terrible. Un match mal abordé où ils ont laissé les Argentins leur rentrer dedans dès les premiers instants. "Dès la première minutes, ils en ont voulu plus que nous", lance Rudy Gobert sur RMC. Un constat terrible mais si logique vu la physionomie de cette demie-finale. Cette faillite, la France l'a incarnée dans tous les domaines de jeu. Mentalement, on a senti que dès Luis Scola et sa bande ont compté 12-14 longueurs d'avance, la lumière s'est éteinte.

Le calvaire d'Evan Fournier

À l'image de ce fiasco, cette performance totalement ratée de tous nos cadres. Tous. Sans exception. À commencer par notre chef de meute, Evan Fournier. On avait, avant le match face à Team USA, fait un rapprochement avec Tony Parker. Sa façon de se comporter, de jouer, de prendre le jeu de l'équipe à son compte. Aujourd'hui, l'arrière du Magic a été rattrapé par ce côté peut-être un poil individualiste. C'est son jeu avec ses qualités et défauts. Mais il s'est heurté au mur sud-américain. Jamais Fournier n'a su trouver son rythme, la faute à l'adversaire qui l'avait parfaitement analysé. Sur pick and roll, là où il était presque intenable depuis 10 jours, Evan Fournier a pris de plein fouet la grinta argentine. Trappé, éloigné de sa zone de confort, il a forcé de trop nombreuses fois, de loin comme de près. Dans ses pénétrations, il s'est toujours heurté aux multiples aides, qui se sont logiquement intensifiées au fur et à mesure que le pourcentage des Bleus chuter. C'est un peu la même chose pour Nando De Colo, qui a souvent joué en alternance avec Fournier. On l'a vu plus timide qu'à l'accoutumé, lui qui a pris l'habitude de prendre le jeu à son compte en l'absence du #10. Sa passe volleyée à Lessort en première période aura été son seul fait d'arme.

Rudy Gobert oublié, Nicolas Batum transparent

Autre faillite notable, celle de Rudy Gobert. Totalement à l'aise face à Team USA, il avait surtout été servi de manière abondante. Il n'en a rien été cet après-midi avec trois petits shoots pris. Ses extérieurs n'ont jamais trouvé de couloir de passe adéquat. Sur les écrans, sa bataille avec des Pumas plus petits mais plus véloces lui a coûté beaucoup d'énergie. Il a fallu attendre le 3e QT pour le voir enfin sur position basse. Ce n'est certes pas son point fort, mais sa prestation face aux USA rendait légitime quelques ballons donnés en post-up avant la mi-temps, surtout avec cette maladresse lointaine. Sa connexion avec Fournier, l'un des axes forts des Bleus, a été complètement coupée d'un bout à l'autre de ce match. Défensivement, il n'a pas non plus eu son aura habituel malgré 11 rebonds. En première période, les Argentins ont inscrits 26 points dans la raquette tricolore. Inconcevable pour un tel intimidateur. Capitaine de cette campagne, Nicolas Batum aura été à l'image de son tournoi, maladroit et assez transparent. Il cumule le pire plus/minus de la rencontre avec -20, auquel il a ajouté une seule réussite de loin sur six tentatives. Trop maigre pour un pilier qui s'est contenté de prendre des tirs extérieurs tout au long du Mondial. Son rôle avec Nando De Colo et Evan Fournier est plus ludique, scolaire. On lui demande de défendre et mettre ses tirs. Il a failli à sa tâche, du moins offensivement, comme toute l'équipe de France qui termine avec un apocalyptique 7/31 à trois points.

Vincent Collet a aussi pris une leçon

De toutes ses faillites individuelles, il ne faut surtout pas sous-estimer le travail de Sergio Hernandez. Il avait déjà fait le même coup face aux Serbes en quart. L'agressivité oui, mais elle ne fait pas tout. La coordination des efforts, les rotations, les match-ups, toutes ces choses sont à mettre à son crédit. Il a très bien préparé son match, et a rendu la tâche compliquée à tous nos NBAers ou stars d'Euroleague. Sans parler de son small-ball qui a tant fait mal à la France. Vincent Collet, qui n'a jamais su trouver la parade tactique, a pris une leçon. Il a désormais 24 heures pour tenter de mobiliser ses troupes avec en vue cette médaille de bronze qui mettra un peu de baume au coeur.