Giannis Antetokounmpo est le pivot moderne ultime

MVP en titre et favori à sa propre succession, Giannis Antetokounmpo aspire de plus en plus à devenir le modèle parfait de l’intérieur de demain.

Giannis Antetokounmpo est le pivot moderne ultime
Il paraît que Giannis Antetokounmpo se contente de « courir et de dunker » pour paraphraser un James Harden un brin aigri. S’il y a bien un match à regarder, pour le barbu des Rockets mais aussi pour tous ceux qui tiendraient le même raisonnement, c’est le duel remporté par les Bucks sur le parquet des Hornets hier soir (93-85). Un match sans enjeu de saison régulière entre une superpuissance et une équipe en reconstruction de la Conférence Est. Rien d’emballant sur le papier. Sauf que ce qu’il faut suivre de près, c’est la démonstration du MVP en titre. Le « Greek Freak » a compilé 41 points, 20 rebonds et 6 passes. En 35 minutes. Devenant du même coup le premier joueur à réaliser pareille performance avec un si petit temps de jeu. Comme d’habitude, la superstar de Milwaukee n’a pas besoin de rester trop longtemps sur le terrain pour mettre ses adversaires à terre. Il s’empresse de le faire à chaque action. Et souvent, ça commence dos au panier. Comme un pivot. Quand il a répondu à Harden – plutôt intelligemment d’ailleurs – Antetokounmpo a pris soin de citer Shaquille O’Neal parmi ses références. Une comparaison plutôt réaliste.

Un poste cinq très complet

Trente ans après « Diesel », voilà un autre joueur de sept pieds (2,13 m) qui court et saute partout (tiens, tiens) en prenant le dessus sur ses vis-à-vis physiquement. Sauf qu’il ne fait pas que ça. Les six premières possessions placées des Bucks ont donc débuté avec une isolation de Giannis au poste bas. Un point d’ancrage. Une assurance pour lancer la partie et le flow offensif des hommes de Mike Budenholzer. Une fois dessous, le géant laisse la magie opérer. Un coup il va déborder son adversaire avec un spin move. Un coup il va le brutaliser pour lui dunker sur la tête. Mais il sait aussi manier le ballon et son corps avec subtilité : jeu de jambes, feintes avec les hanches et les bras, touché près du cercle, roulement d’épaules et tir en fadeaway. L’arsenal complet. Peut-être pas encore pleinement maîtrisé – et encore, de plus en plus – mais complet. Giannis Antetokounmpo a par exemple l’un des meilleurs « footwork » de la NBA, si ce n’est le meilleur. Le basket, comme tous les sports, se joue avec les jambes. Et à ce petit jeu, il n’y a pas plus brillant que lui pour se frayer un chemin dans la raquette. Longs compas, sens de l’anticipation, déplacements latéraux… il excelle. Un vrai bagage technique. C’est aussi du QI basket. Savoir effacer son défenseur repose parfois sur la science. La science du jeu. Une fois dos au panier, il travaille intelligemment. Il jauge. Il ressort la balle à trois-points quand il se sent encerclé, en prenant bien soin de la libérer à un joueur démarqué. Ça demande de la lecture. De la vivacité d’esprit.

« Je continue de bosser mon jeu dos au panier », admet l’intéressé. « Les autres équipes vont faire des prises-à-deux. Ça arrive une fois, deux fois, trois fois. Puis on retient la leçon. Je dois être capable de faire la bonne passe. Je dois faire preuve de patience et ne pas me précipiter quand je poste en bas ou en tête de raquette. Au final, c’est beaucoup de temps passé à étudier des vidéos pour comprendre comment réagit la défense. »

King du post-up

Un boulot qui paye et qui profite aux Bucks. Avec 0,94 point rapporté pour chaque possession en post-up, Giannis Antetokounmpo est l’un des dix joueurs les plus efficaces du championnat dans cette configuration (minimum 100 post-ups joués, Nikola Jokic est en tête avec 1,05 ppp). Et sa progression suit son cours. Dans son jeu, il y a l’influence d’Hakeem Olajuwon avec les feintes et le ballet de son pied de pivot. Des zestes de puissance du Shaq. Une pincée de la vision du jeu d’un Joakim Noah. L’aisance en dribble d’un DeMarcus Cousins. Et même un aperçu du fadeaway de Dirk Nowitzki. Alors évidemment qu’il n’est pas aussi fort que chacun de ces joueurs-là dans leur domaine de prédilection. Sinon ça donnerait le meilleur basketteur de tous les temps. Mais n’oublions pas que Giannis n’a que 25 ans et qu’il se dirige tout droit vers un deuxième MVP de suite tout en étant candidat au DPOY. Et Milwaukee fait figure de favori pour le titre. Parce qu’il sera difficile de se coltiner un Antetokounmpo aussi terrifiant dos au panier en playoffs. Les défenseurs plus grands sont pris de vitesse. Les plus petits sont dominés physiquement. C’est bien beau de le « laisser tirer » mais comment faire quand il démarre ses actions à quatre mètres du cercle ? La seule solution revient à doubler et à espérer que Khris Middleton, Eric Bledsoe et consorts ratent leurs tirs. Parce que oui, aujourd’hui, Antetokounmpo joue comme un pivot. Et c’est tant mieux. C’est comme ça que sont maximisées ses qualités. Un pivot qui remonte la balle et pousse le tempo quand il en a l’occasion. Un pivot qui peut servir de modèle pour les générations futures.

Le récital de Giannis Antetokounmpo contre les Hornets

https://www.youtube.com/watch?v=GtejEDRfNOA