ITW Georgi Joseph : « Le Quai 54 fait partie de notre patrimoine »

Grand habitué du Quai54, Georgi Joseph est revenu avec nous sur ce rendez-vous incontournable rassemblant la crème du streetball mondial.

ITW Georgi Joseph : « Le Quai 54 fait partie de notre patrimoine »
Un Quai 54 sans Georgi "Haiti" Joseph ? Cela n'aurait pas la même saveur. Au fil des éditions, le pivot est devenu l'une de ses figures les plus identifiables.  Au sein de l'équipe de la Fusion il a encore fait le taf contribuant à la qualification pour la finale (face à Yard-La Relève). Mais si l'équipe la plus connue de la compétition a de nouveau assumé son rang, c'est qu'elle a été bien pensée en dépit des nombreuses absences. Comme nous l'a expliqué Georgi Joseph il faut des critères bien spécifiques afin de pouvoir performer dans une compétition solidement ancrée dans le paysage du streetball. BasketSession : Comment s'est passé le Quai 54 pour la Fusion ? Georgi Joseph : Ça s'est pas mal passé. On a fait des belles choses, on a bien défendu. On est bien rentré sur le premier match. Sur le deuxième ça s'est bien passé aussi, on a joué sur nos forces. Sur la demie ils n'ont pas réussi à nous faire déjouer malgré des joueurs comme JBAM, Ferdi (Prénom). On savait que ça allait être très très lourd mais qu'on pouvait les contrecarrer avec notre vitesse. On a bien couru, on a bien défendu comme Bandja (Sy) qui a été excellent mais tout le monde l'a été. Jerry (Boutsiele) s'est révélé, Manu Monceau aussi alors que personne ne l'attendait. Il a montré qu'il pouvait jouer à ce niveau-là. BasketSession : Justement comment a été fait le recrutement de l'équipe ? GJ : On voulait prendre des mecs avec qui on s'entendait, dont on savait qu'ils allaient faire le taf. A la base on voulait surtout des bons gars, des mecs qui pouvaient s'écarter, défendre sur tous les postes. Il fallait aussi qu'ils puissent courir et assurer sur les rebonds. Manu Monceau nous a été recommandé par Tony Ramphort. Jo (Kazadi) jouait avec moi à Orléans, je savais qu'il pouvait faire le taf. Cyrille (Eliezer-Vanerot) et Ada (Sane) jouaient ensemble.
"Si les mecs du 3x3 viennent ici, ils vont se faire laver comme tout le monde"
BasketSession : C'est Sacha Giffa qui a fait la connexion pour eux deux ? GJ : Un petit peu aussi. Mais à la base Ada était l'année dernière avec La Relève. A la dernière minute on lui a dit qu'il ne faisait pas le Quai. Il était remonté par rapport à ça; on lui a dit « Viens il n'y a pas de soucis. Si Yard ne veut pas de toi tu n'as qu'à venir avec nous, ils vont regretter leur choix ». BasketSession : Est-ce-qu'il y'a eu une attention particulière au niveau de la mentalité ? GJ : C'est un jeu dur. Au niveau de l'ambiance on sait que certaines personnes vont être prises par le show. Alors on s’est dit qu'on allait prendre des gars qui ont l'habitude de jouer dans des grosses salles, qui ne seront pas impressionnés par les 2/3000 personnes en train de chanter, de chambrer. Les mecs ils sont posés, ça s'est vu sur le terrain. BasketSession : En plus quand on fait partie de la Fusion on ne peut pas se permettre de se louper... GJ : On sait très bien qu'on a la cible sur le dos. Même moi à l'époque où je jouais pour la Relève je savais très bien que la Fusion c'était l'équipe d'Amara Sy, Modibo (Niakaté), Steed (Tchicamboud)... S'ils avaient le trône nous on se disait qu'on voulait prendre la place du roi sur le trône. Là on savait qu'on serait attendu mais on n'a pas de soucis par rapport à ça. On savait à quoi s'attendre. BasketSession : Vous en parlez beaucoup entre vous pendant la saison? GJ : On savait que pas mal de joueurs avaient d'autres chats à fouetter qui devaient faire le Quai et qui n'ont pas pu le faire avec les playoffs etc Vers la fin de saison on a commencé à réfléchir sur on prend qui on peut qui ? Malheureusement Amara s'est blessé donc on a du anticiper. Certains joueurs comme Sambou, Steed... ont raccroché les baskets. Steed est venu nous aider au niveau du staff, Sacha et Sambou pareil, William Gradit aussi. Donc à un moment donné il ne restait plus grand monde. On a tout le temps pensé à qui on pourrait prendre pour faire l'équipe.

"Si Amara n'est pas là, Bandja c'est le même joueur en plus jeune et avec des genoux en meilleur état"

BasketSession : Au moins avec son petit frère Bandja vous avez assuré la tradition des Sy. GJ : Exactement. Un Sy en cache toujours un autre. C'est comme les trains. On ne sait jamais d'où il va sortir. Franchement Bandja a fait le taf. C'est son deuxième Quai. Il correspond parfaitement à la mentalité du Quai : dur, athlétique. On sait qu'ils sont interchangeables. Si Amara il n'est pas là c'est le même joueur en plus jeune et avec des genoux en meilleur état. Personne ne nous attendait. Certains pensaient que sans Amara la Fusion c'était terminé mais on a répondu présent. BasketSession : Avec Evan Fournier chez Yard-La Relève on vous attendait aussi peut-être moins. GJ : Çà ça n'était pas grave parce qu'on sait qu'Evan il a un gros contrat NBA et qu'il ne pouvait pas non plus aller au charbon. Il y'a des joueurs qui pourraient voir en face le joueur NBA, de l'équipe de France et vouloir lui rentrer dedans. Mais nous ça n'était pas notre mentalité. On voulait le jouer comme n'importe quel joueur. Et puis la vraie surprise de la Yard c'est Andrew. C'est lui qui créé et par qui tout se passe.  BasketSession : Tu es maintenant un habitué du Quai 54 ; qu'est-ce-qui te donne envie de revenir année après année ? GJ : Je ne sais pas combien de fois j'y ai participé, j'ai arrêté de compter. Je dois le faire depuis 2008 à l'époque des Moussa Badiane, Dounia (Issa)... Le Quai ça fait partie de notre patrimoine, chaque été on veut y jouer. Tu le fais une fois, tu as envie de le faire ad vitam æternam. BasketSession : On sent un vrai esprit de famille au Quai 54 ; c'est une impression que tu partages ? GJ : Clairement il y'a un vrai esprit de famille. Avec un tournoi aussi professionnel on y revient chaque année. On voit chaque année des nouveautés, des trucs en plus. Cette année par exemple il y'avait des douches pour les joueurs, ça on ne l'avait jamais eu auparavant. Il y'a un endroit pour les joueurs, des kinés... J'en ai fait des tournois en Allemagne, en Italie, partout dans le monde mais il n'y a pas un tournoi qui est comparable à celui-là. Il n’y en a aucun. BasketSession : Avec l'augmentation du niveau des équipes étrangères ça renforce aussi l'intérêt du tournoi ? GJ : Quand ils disent world street championship c’est exactement ça. On voit avec les équipes étrangères , des Espagnols notamment, que ça joue au basket, ça n'est pas que du streetball. Il y'a la crème de la crème de la street, ça n'est pas 3x3 FIBA, ça c'est encore autre chose. Ça n'est pas vraiment du streetball. Si les mecs du 3x3 viennent ici ils vont se faire laver comme tout le monde tout simplement. Ici c'est encore un autre niveau de jeu. Ça n'est pas que du streetball, c'est du vrai basket avec de vrais professionnels et c'est ça qui fait la différence. On sait qu'il n'y aura pas de mauvais coups ou de trucs sales. Çà va jouer dur mais propre. On est tous des pros et on sait ce qu'on a à perdre et à gagner en faisant le Quai. C’est pour ça qu'on vient là pour le kif. Crédit photo : Karen Mandau