Not 1, not 2, not 3… Apparemment LeBron James s’est réveillé un matin et s’est dit qu’une seule version de The Decision n’était pas assez, et surtout qu’il avait un peu de temps à gratouiller pour s’amuser avant de retourner au taff. Quelques jours après la furie médiatique autour de la sortie du dernier album de Taylor Swift avec laquelle il a pas mal de choses en commun (la gloire, les millions de milliards et la fascination qu’ils savent créer), le numéro 23 des Lakers a teasé The Decision 2, avec une mise en scène qui rappelle, jusqu’à sa tenue, la fameuse séquence de 2010 qui lui fera dire qu’il emmène ses talents à South Beach, épisode encore considéré comme la seule vraie fausse note de sa carrière médiatique.
Bron et Taytay sont surtout (malheureusement pour certains) experts pour jouer avec les nerfs et les émotions de leur fans pour faire exploser leur valeur marchande toujours plus importante et globale. Alors, s’amuser des rumeurs de retraite qui le poursuivent depuis tant d’années maintenant était presque prévisible, ou tout du moins envisageable. La réaction suite au post de LBJ sur ses réseaux a néanmoins pris des proportions rocambolesques. Emissions spéciales, programmes interrompus pour parler de LA news, branle bas de combat dans les rédactions, chez les fans et dans les sections commentaires. Tout le monde a pu y aller de son prono et de son analyse, ce qui finalement en dit beaucoup sur ce nous sommes en 2025.
Chaque geste que LeBron James a effectué ces dernières semaines a été décortiqué et trituré, en espérant trouver un indice qui confirmerait nos pensées. « Regardez il s’est touché deux fois l’oreille droite le même jour que celui où Kobe avait fait le media day de sa dernière saison », « wouah mais la semaine dernière il a mis un tshirt de la même couleur que le costume de Jordan quand il a annoncé sa retraite en 1993 »… Vite, les fans précommandent ses nouvelles chaussures, font exploser le prix des billets pour ses matches de saison les plus emblématiques (opening night, MSG, Miami, dernier match à domicile…), ou sont prêts à s’acheter un maillot des Cavs le jour de la fameuse annonce pour dire « je le savais, et je me rappellerai toujours d’où j’étais quand il a fait son annonce ». Une armée de TikTokers et autre Instagramers était également prête, mobile au poing, pour filmer leur réaction à base de OMG et des NO WAYYYY bien orchestrés.
Sauf que LeBron s’est juste maqué avec Hennessy. Nous on a trouvé ça rigolo, d’autres se sont sentis dupés ou ont trouvé que c’était un coup de com catastrophique qui duré à peine plus longtemps qu’un gouvernement Lecornu. Sauf que franchement, qu’est ce qu’on s’en fout ? Dans la culture de l’instant, voire même de l’instantané, il n’y a aucune place pour le recul, pour prendre un tout petit peu le temps d’avoir une vue d’ensemble. Au lieu de nous réjouir de voir LeBron tenter de consolider son duo avec Luka Doncic, nous voici presque déçus de ne rien avoir à raconter, un peu vexés de ne pas avoir réussi une fois de plus à contrôler la narration de l’un des plus grand joueur de tous les temps, qui entre nous a bien dû se marrer, un verre à la main, pendant que JJ Redick confirmait tranquillement aux journalistes : « you guys are idiots ».
En plus ce genre de fausse annonce n’a rien de nouveau outre-Atlantique, l’an dernier la star de MLB Juan Soto avait en pleine free agency teasé une annonce fracassante qui était en réalité un partenariat avec une boisson énergétique, et les amoureux de catch en voient de bien pires chaque année. De la même manière que pour la musique de Taylor Swift, tout a été dit et imaginé avant même que la première note de « The Life of a Showgirl » soit entendue. Cela nous interroge sur notre part d’investissement émotionnel pour nos stars favorites quand elles cherchent juste à nous vendre quelque chose.
Parce que le plus triste est que la vraie nouvelle a été complètement occultée : LeBron James continue, et ça valait bien un canular complètement éclaté.
