Miami, mais pourquoi tant de chaleur ?

Le Miami Heat est sur une série de 10 victoires consécutives après un début de saison désastreux. Comment passer du caniveau aux portes du top 8 en un mois.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Miami, mais pourquoi tant de chaleur ?
Bien malin celui qui, à la mi-janvier, pouvait prédire que le Miami Heat serait le tube du début d'année 2017 en NBA. Les Floridiens étaient logiquement à la masse (11 victoires pour 30 défaites) après une intersaison marquée par le départ inattendu de Dwyane Wade, l'annonce de la séparation future avec Chris Bosh faute d'aval du staff médical et trois premiers mois d'agonie sur le plan sportif. Le forfait de Justise Winslow, fauché par une blessure à l'épaule pour le reste de l'exercice et les pépins physiques de Dion Waiters (31 matches joués sur 51 possibles), Goran Dragic (43) et le sophomore Josh Richardson (28) ont semblé mener tout droit Pat Riley vers une décision pleine de sagesse : tanker pour préparer l'avenir. Est alors arrivé ce match du 17 janvier contre Houston, premier volet d'une saga impensable. Après les Rockets, ce sont les Mavs, les Bucks, les Warriors (!), les Nets (par deux fois), les Bulls, les Pistons, les Hawks et les Sixers qui ont baissé pavillon face au Heat. Jamais une équipe avec un pourcentage de victoires aussi faible (36%) n'avait réussi une série de 10 victoires en NBA. Le principal responsable de ce regain inattendu se nomme évidemment Erik Spoelstra. Le disciple de Pat Riley a connu trop de belles saisons sur le banc du Heat pour céder aux sirènes de la loterie sans combattre. Malgré un effectif dépeuplé et qualitativement assez loin du compte, "Spo" a réussi à trouver la bonne formule pour rendre ce petit monde efficace. Ainsi, le double champion NBA a fait confiance a des joueurs "affamés" selon ses propres termes, car pas du tout assurés d'avoir un avenir en NBA. On pense à Rodney McGruder (non drafté à sa sortie de Kansas State et passé par la Hongrie et la D-League) ou Luke Babbitt (16e pick en 2010), discret mais fiable après un début de carrière loupé en NBA, tous les deux titulaires à plus de 30 reprises et à chaque fois lors du run en cours. On pense aussi aux remplaçants comme les deux Johnson, Tyler et James, efficaces dans des registres différents, à Wayne Ellington, lequel a retrouvé en partie la qualité de shoot qui avait aidé North Carolina à remporter le Tournoi NCAA en 2009, Willie Reed, un corps utile derrière Whiteside, ou au pigiste Okaro White, pour lequel le Heat cherche à faire une place définitive dans son roster. Tous affichent depuis 10 matches une discipline et une réceptivité aux consignes de Spoelstra qui expliquent en partie les bonnes prestations du Heat soir après soir.

Dion waited for it

Bien entendu, cette dynamique aurait été impossible sans des performances optimales du trio moteur du groupe : Goran Dragic-Hassan Whiteside-Dion Waiters. [superquote pos="g"]"Avec KD, on faisait tout ensemble, j'étais une éponge".[/superquote]Absent durant tout le mois de décembre pour soigner une blessure au pied, Dion Waiters est la vraie surprise du moment pour le Heat. Depuis son arrivée en NBA et sa Draft en 4e position par les Cavs en 2012, on avait vu que par fulgurances le talent de l'ancien arrière de Syracuse, trop individualiste et nonchalant. A OKC, Waiters avait encore quelques die-hard fans, persuadés qu'il démontrerait un jour l'énorme talent entrevu chez les Orangemen par le passé, mais il s'est rapidement transformé en électron un peu trop libre au goût de Kevin Durant et Russell Westbrook. Après un début de séjour poussif en Floride, l'arrière de 25 ans a trouvé son rythme de croisière et, possiblement, une terre d'asile et d'expression. Sur la série de 10 victoires consécutives de Miami, Waiters a même été le joueur le plus en vue, avec deux game winners et des statistiques offensives enfin pertinentes (21.5 points et 4.8 passes de moyenne à 51% en global et 53% à 3 points). http://www.dailymotion.com/video/x59h1nv_dion-waiters-tue-les-warriors-a-0-6-seconde-de-la-fin_sport Une bonne passe à mettre selon lui sur le compte de l'expérience engrangée auprès des stars qu'il a côtoyées avant d'arriver à Miami.
"J'ai eu la chance de jouer avec quelques uns des plus grands, comme LeBron, Russell ou KD. Avec Kevin, on faisait tout ensemble et j'étais une éponge. Le voir travailler comme il le fait au quotidien malgré son statut, ça m'a poussé à faire la même chose. Aujourd'hui, j'essaye juste d'être constant et de prendre du plaisir. On est sur une sacrée série alors que tout le monde doutait de nous et nous a mis hors course. On ne va pas se laisser entraîner par la hype", a-t-il prévenu sur Yahoo Sports.
Un discours partagé par Spoelstra.
"Ne cédons pas à la hype. On doit encore passer deux ou trois niveaux pour être considérés comme sérieux, mais on est ouvert à cette idée. On n'est jamais aussi bons que ce que l'on croit et jamais aussi mauvais que ce que l'on pense. On a fait des progrès, mais on en a encore beaucoup à faire".

Dragic trop bon pour rester ?

Si le travail de "Spo" et de ses joueurs est admirable, on peut se demander s'il est réellement dans l'intérêt du Heat de gagner autant de matches. On a déjà pointé du doigt le côté un peu pathétique de la lutte pour la 8e place à l'Ouest et, en soi, la situation n'est pas franchement différente à l'Est avec la perspective d'affronter les Cavs (et donc de prendre un sweep ou un 4-1) au 1er tour. Depuis son arrivée, Pat Riley a créé une atmosphère propice à la gagne et ne s'en est presque jamais départi. Pourtant, reconstruire grâce à de bons picks sur deux ou trois saisons comme le font les Lakers semblait être la meilleure option et on croyait l'organisation lancée sur ces rails. Surprise, le Heat est désormais aux portes du top 8 (à deux victoires seulement du 8e Detroit) et ne donne pas l'impression de vouloir stopper son effort.  [superquote pos="d"]Reconstruire grâce à de bons picks comme le font les Lakers semblait être la meilleure option.[/superquote] Le cas Goran Dragic est également intéressant. Le Slovène réussit sa meilleure saison depuis son état de grâce à Phoenix en 2013-2014 (19.8 points, 6.4 passes à 47.4% d'adresse globale, 42.9% à 3 points) et sa valeur sur le marché est à la hausse. Une équipe orientée vers la reconstruction (ou le tanking...) chercherait à tout prix à le mettre sur le marché pour récupérer des atouts censés payer à long terme. La deadline des trades est fixée au 23 février mais rien ne semble devoir bouger autour du meneur de 31 ans. Ce sera évidemment aussi le statu quo pour Hassan Whiteside, un temps critiqué pour sa première saison sous un contrat maximum. Le pivot a augmenté la cadence ces dernières semaines et sa prestation exceptionnelle de dimanche face à Philadelphie aura rassuré ses dirigeants sur le fait qu'ils peuvent axer en partie leur projet autour d'un intérieur fiable. Difficile de savoir quand s'arrêtera la série du Miami Heat, qui démarre un road trip de quatre matches cette semaine à Minneapolis avant d'aller à Milwaukee, Brooklyn et Philadelphie). La capacité du groupe à rester ou non sur ce tempo permettra de savoir s'il ne s'agissait que d'une étincelle passagère ou si la chaleur est durable...  
Afficher les commentaires (0)
Atlantic
Central
Southeast
Pacific
Southwest
Northwest