New Orleans Pelicans : le recrutement est-il vraiment judicieux ?

Les New Orleans Pelicans ont fait du bruit sur le marché des transferts en recrutant Tyreke Evans et Jrue Holiday. Mais ces choix ne sont-ils pas risqués ?

New Orleans Pelicans : le recrutement est-il vraiment judicieux ?
Il est temps de reprendre notre tour d’horizon des franchises à l'aube d'une nouvelle saison NBA. Il y a quelques jours, nous avons essayé de mettre en lumière les raisons pour lesquelles Andrea Bargnani pouvait renaître de ses cendres à New York. Aujourd’hui on ne va pas se concentrer sur un joueur en particulier mais plutôt sur une équipe et son recrutement, à savoir celui des New Orleans Pelicans. La franchise a notamment mis la main sur Jrue Holiday et Tyreke Evans cet été et peut se targuer de posséder dans son effectif : un meneur All-Star, un ancien Rookie Of The Year, un premier choix de draft, champion Olympique de surcroît et un arrière champion du monde ! Y’a pas à dire, ça en jette, surtout que les quatre joueurs en question sont jeunes. Et c’est bien connu, des joueurs jeunes, talentueux, prometteurs, ça excite les foules. Pourtant, nous serions tentés de dire que le recrutement des Pelicans n’est pas aussi bon que ce dont il parait, ou du moins, qu’il présente certains risques à moyens-termes. Mais avant de développer plus en détails, il est important de replacer le contexte. Tom Benson a racheté la franchise à la NBA en novembre 2012 pour la modique somme de 338 millions de dollars. Originaire de New Orleans, le businessman fan de sports (il est également le propriétaire des Saints, la franchise NFL) craignait de voir l’équipe déménager sous d’autres cieux. En effet, les ex-Hornets ne font pas recette en Louisiane. La franchise est parmi les dernières du classement en matière d’affluence brute, et se situe dans le ventre mou de la ligue lorsque l’on prend en compte le taux de remplissage de la salle. Pour redonner un coup de neuf à son équipe, Benson décide donc d’en changer le nom, d’où la création des New Orleans Pelicans, un patronyme qui symbolise la ville. Le proprio veut que ses ouailles soit plus compétitifs, il est prêt à donner « les ressources nécessaires pour améliorer le roster ». Il a besoin de rameuter du peuple à la New Orleans Arena, il a besoin de jeunesse, d’une équipe attrayante, « d’Entertainment » en somme, et vite si possible. Les décisions analysées ci-dessous découlent donc logiquement des besoins immédiats de la franchise.

Jrue Holiday, un All-Star contre deux tops picks

Pour ce qui est de créer le buzz, les New Orleans Pelicans ont frappé les premiers. Et ils ont frappé fort. Dès le soir de la draft, Dell Demps, le GM, envoie son sixième choix, Nerlens Noel, ainsi qu’un futur pick aux Philadelphie Sixers en l’échange de Jrue Holiday. All-Star la saison dernière, le natif de Los Angeles, 23 ans, sera le nouveau meneur titulaire de l’équipe. A première vue, le trade est positif. En effet, les Pelicans récupèrent un joueur jeune et talentueux, sous contrat jusqu’en 2017. Holiday est un point guard capable de distribuer la gonfle (8 passes en moyenne la saison dernière) tout en assurant au scoring (17,7 points). Dans l’affaire, les dirigeants ont donc lâché Nerlens Noel, un pivot au talent brut, encore très frustre en attaque et blessé jusqu’en décembre prochain ! Les Pels’ ne pouvaient pas se permettre d’attendre. L’ancien pensionnaire de Kentucky est un projet à long-terme et on ne sait pas encore s’il se mutera en Dwight Howard ou en Kwame Brown. [caption id="attachment_119526" align="alignright" width="300"] Jrue Holiday sera l'une des stars des New Orleans Pelicans.[/caption] Il ne faut cependant pas oublier ce fameux pick supplémentaire inclus dans le package par les New Orleans Pelicans. La draft 2014 s’annonce comme la plus incroyable – sans hyperbole – de la décennie. Et la franchise n’aura, à priori, AUCUN pick au moment où la cuvée la plus douée s’apprête à débarquer en NBA ! Si Demps n’avait pas recruté Jrue Holiday, New Orleans aurait probablement progressé tranquillement avant de récupérer un choix entre la cinquième et la dixième place. Or, la richesse de la prochaine draft est telle qu’on retrouve des « game changer », des superstars potentielles, jusqu’aux alentours de la dixième place ! Avant sa blessure, Nerlens Noel était d’ailleurs considéré comme un premier choix, donc on peut presque en conclure que les Pelicans ont recruté Jrue Holiday contre deux tops picks comme le rappelle le Bleacher Report ! Lequel d’entre vous oserait lâcher deux superstars potentielles contre un meneur certes talentueux ? Alors, certes, ce choix de draft est tout de même protégé entre la première et la troisième place mais il est évident que New Orleans ne sera pas assez « nul » pour récupérer un tel pick. Autrement dit, vu l’évolution possible de la franchise, les Pelicans ne sont pas prêts de piocher à nouveau dans les cinq premiers choix. Très performant aux Sixers, le nouveau meneur des Pelicans n’est pas un franchise player. Il a gagné en responsabilités suite au transfert d’Andre Iguodala et à la blessure d’Andrew Bynum mais il n’est pas un leader né. Sauf énorme progression de sa part, il ne pourra jamais porter New Orleans sur ses épaules jusqu’aux sommets. Or, Julius Randle, Dante Exum ou Jabari Parker, trois joueurs susceptibles d’être disponibles en quatrième ou cinquième position lors de la prochaine draft, sont tous amenés à incarner un jour ce rôle de « game changer »

Tyreke Evans, 44 millions et un rôle complètement flou

Histoire de former un backcourt jeune et ultra explosif, les New Orleans Pelicans ont ensuite offert une forte somme (44 millions sur quatre ans) à Tyreke Evans dès les premiers jours de la free agency. Finalement, les dirigeants ont acquis l’un des rookies les plus prometteurs… en 2010 (plus de 20 points, 5 rebonds et 5 passes lors de sa première saison NBA) contre Greivis Vasquez et Robin Lopez, deux joueurs qui venaient de réaliser la meilleure saison de leur carrière. Voici ce qu’en pense Bill Simmons, le fondateur du site Grantland :
« 11 millions pour Tyreke Evans ???? Pour les trois prochaines années, ils vont avoir trois arrières à plus de 11 millions de dollars (Holiday, Evans et Gordon) sans même que l’on sache vraiment s’ils peuvent jouer ensemble. Où veulent-ils aller avec une telle stratégie ? »
A la limite, si l’arrivée d’Evans avait débouché sur un transfert d’Eric Gordon, arrière titulaire resigné pour 58 millions sur quatre ans l’été dernier, on aurait pu comprendre. Mais non, les New Orleans Pelicans ont l’intention de conserver les deux joueurs. Déjà, il faudrait commencer par définir le poste de « T-Rex ». Dans sa biographie Twitter, le joueur se définit lui-même comme :
« Un meneur de jeu, rookie of the year. »
Oui, Tyreke aime jouer meneur et avoir la gonfle entre les mains. Problème numéro un : Jrue Holiday prendra la mène, problème numéro deux : Evans n’est pas assez bon dans le jeu sans ballon pour être efficace dans le rôle d’un deuxième arrière à la Ray Allen. L’ancien joueur des Kings est le type d’arrière scoreur capable de créer du jeu mais qui n’est : a) pas assez performant aux shoots pour que son équipe compte sur lui en permanence, b) pas assez complet pour jouer sans toucher la balle. Alors que faire de Tyreke ? Les Pelicans ont d’abord évoqué la possibilité de le faire jouer sixième homme. Damm, 11 millions de dollars la saison pour un sixième homme ? N’est pas Manu Ginobili qui veut… Du coup, Monty Williams souhaite le faire passer à l’aile, un poste qu’il a déjà occupé – à contre cœur – à Sacramento. Il se dit prêt à faire des efforts à New Orleans :
« Je me sens capable de jouer à n’importe quel poste, selon les besoins de l’équipe. »
Soudaine prise de conscience ou un coup de  bluff ? Non seulement Tyreke Evans est trop petit pour jouer au poste 3, où il peine à imposer son physique face aux adversaires plus grands et plus costauds, mais il est aussi trop peu fiable aux shoots pour être efficace dans un tel rôle. Donc oui, Evans est prometteur mais aligner onze millions pour se retrouver avec un joueur sans poste fixe, c’est un peu louche…