Bam Adebayo, l’homme grâce auquel Miami peut croire au titre

Bam Adebayo a été fantastique dans le game 6 contre Boston. Alors que se profilent les Finales NBA, le Miami Heat peut se frotter les mains : il y a un crack dans ses rangs.

Bam Adebayo, l’homme grâce auquel Miami peut croire au titre
Jimmy Butler n'a pas toujours apprécié tous ses coéquipiers. On se souvient qu'à Chicago et Minneapolis, "Jimmy Buckets" n'avait pas vraiment trouvé de partenaires aussi exigeants et intenses que lui, à tel point que l'atmosphère autour de lui est rapidement devenue volcanique et irrespirable. Karl-Anthony Towns, Andrew Wiggins et les Wolves de l'époque peuvent en témoigner. Avec Bam Adebayo, Butler a sans doute rencontré son âme sœur. Ou en tout cas un disciple assez studieux et passionné pour s'élever à son niveau. Quarante-huit heures après avoir endossé la responsabilité de la défaite contre Boston dans le game 5, le jeune All-Star a montré toute sa force de caractère et son immense talent. Dimanche, c'est bien lui qui a été l'architecte du succès et de la qualification du Miami Heat en Finales NBA. Quand Jimmy Butler lui-même, après l'autoflagellation de Bam, expliquait qu'Adebayo était la raison pour laquelle Miami pouvait gagner des titres, il avait vu juste. L'ancien joueur de Kentucky s'est comporté comme une star et le joueur impactant et dominant qu'il est devenu depuis que le Heat s'est débarrassé d'Hassan Whiteside pour lui faire place nette. Avec 32 points, 14 rebonds et 5 passes à 11/15, Bam Adebayo a plané sur ce game 6. Quelques jours plus tôt, John Calipari, son coach chez les Wildcats, avait estimé que son ancien protégé était un joueur unique, qui incarnait à lui seul le concept de "point-center". Il en a effectivement fait la démonstration face aux Celtics. Outre sa faculté à distribuer le jeu, Adebayo a d'autres caractéristiques qui rappellent celles des arrières. A 6 minutes de la fin du match et alors que Boston avait encore un point d'avance, le pivot de Miami a enclenché un drive meurtrier conclu par un tomar sur Daniel Theis. Psychologiquement, quand l'un de vos coéquipiers, qui plus est votre pivot, claque une action comme celle-là à un moment déterminant, c'est un boost gigantesque. Derrière, comme par enchantement, tout le monde a élevé son niveau d'intensité d'un cran et le Heat a entamé un run qui lui a permis de contrôler et dominer la fin du match. CQFR : Le Heat retrouve les Finales NBA six ans après ! Cette force de caractère, elle n'est pas apparue par magie au fil de la saison. Lorsque le Miami Heat a drafté Bam Adebayo en 14e position en 2017, Pat Riley savait très exactement sur quel bonhomme il était en train de miser. Peut-être n'envisageait-il pas forcément que le garçon deviendrait aussi rapidement un All-Star et un joueur majeur de la ligue - car oui, il va falloir rapidement revoir son statut et sa place dans les classements de joueurs hypothétiques - mais le boss floridien avait compris qu'il avait un spécimen assez unique devant lui.

Le workout où il trashtalké Pat Riley et le staff du Heat

Dans un excellent article de Zach Lowe publié en début de saison sur ESPN, on avait appris de quelle manière Adebayo avait tapé dans l'oeil du front office de Miami. Et avec le recul, c'était presque une évidence qu'avec un bon coach et un leader charismatique, Eldrice, de son vrai prénom, avait le même feu sacré que certaines légendes de la franchise avant lui. Avant la Draft, le Heat avait mis Adebayo à l'essai au milieu d'autres prospects. Sauf qu'il avait eu droit à un workout particulièrement hardcore afin de voir ce qu'il avait dans le ventre. Des membres du staff l'ont encerclé et lui ont balancé des ballons de façon aléatoire et dans tous les sens. Il les a tous attrapés. Un dirigeant du Heat lui a ensuite demandé à quel pourcentage il pouvait shooter à 3 points dans le corner à l'entraînement. Adebayo a répondu avec audace : 60%. "Prouve-le", lui a-t-il lancé. Adebayo en a marqué 31 sur 50 : 62%. Ils l'ont ensuite épuisé. Des sprints d'un panier à l'autre pour essayer de contrer des shoots près du cercle, des tests d'agilité en ligne, du footwork... Après une heure, et alors que l'épuisement commençait à s'installer, le staff du Heat lui a fait démarrer le vrai exercice qu'ils voulaient le voir effectuer. Adebayo a dû switcher sur des extérieurs, notamment Justin Jackson, un autre prospect présent ce jour-là, et les tenir face à lui. Adebayo s'est tourné vers le groupe de dirigeants de Miami, au sein duquel figuraient Riley et Spoelstra, et a hurlé : "Vous me l'avez mise à l'envers ! Vous m'avez bousillé putain ! [...]" Alors que les répétitions s’enchaînaient, le trashtalking a commencé.
"C'était très explicite", raconte Adebayo.
Il n'y avait rien d'amical et il ne souriait pas. Erik Spoelstra se souvient :
"On s'est regardé en se demandant si ce mec était fou".
Juwan Howard, alors assistant de Spoelstra, a croisé le regard de Dan Craig, qui menait la session d'entraînement.
"Les yeux écarquillés, on s'est dit : 'C'est un gars fait pour le Heat. Avoir le cran de dire ça devant Pat Riley, de lui lancer des trucs comme 'Vous n'allez pas jouer à ça avec moi', c'était la preuve que c'était un joueur du Miami Heat".  
Il n'en fallait pas plus à Pat Riley et au staff d'Erik Spoelstra. Bam Adebayo possède à la fois le côté badass, sans peur et sans reproche qui fait partie intégrante de la culture du Heat, mais aussi l'intelligence nécessaire pour se plier aux ordres quand ils viennent de quelqu'un qui sait ce qu'il fait. Une nouvelle épreuve attend justement l'intéressé dans quelques jours lors des Finales NBA face aux Lakers. Un match-up probable avec Anthony Davis, l'intérieur face auquel il est sans doute le plus compliqué de défendre (et d'attaquer) en NBA aujourd'hui. Pas le genre de défis qui intimident Bam Adebayo.