Jusqu’où ira l’Australie, la surprise de ces JO ?

Après deux premiers matches formidables, l'Australie ne peut plus se cacher. Décryptage d'une équipe qui a bien raison de viser une médaille.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Jusqu’où ira l’Australie, la surprise de ces JO ?
14 février 2016. Les stars de la NBA sont réunies à Toronto pour le traditionnel All-Star week-end. L'occasion pour les autres joueurs de la ligue de passer du temps en famille ou de se détendre sur place en assistant aux festivités. Dans les tribunes de l'Air Canada Center, aucun joueur australien en vue. Le contingent "aussie" de la grande ligue s'est regroupé, mais loin du froid canadien. Andrew Bogut, Patty Mills, Matthew Dellavedova, Joe Ingles, Aron Baynes et Dante Exum passent le plus clair de leur semaine de congé sur un yacht loué à six, consolidant les liens d'amitié qui les unissent déjà tous, même le petit dernier, en pleine convalescence après une grave blessure au genou. En dehors de Bogut, "trop vieux" pour l'esprit colonie de vacances, les camarades dorment tous dans la même maison le soir venu. C'est dans cette volonté de passer du temps ensemble qu'il faut chercher l'une des explications du début tonitruant de l'Australie aux Jeux Olympiques 2016 à Rio.  

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[superquote pos="d"]Tsagarakis : "Ils sont capables de battre n'importe qui. Ils n'ont rien à perdre et c'est ce qui est dangereux".[/superquote]Traditionnellement, les Boomers ont toujours été une formation respectable, mais plus douée pour envoyer des mandales et bousculer l'adversaire que pour le surclasser sur le plan du jeu et de la technique. Aujourd'hui, la troupe entraînée par Andrej Lemanis n'est plus uniquement faite de morts de faim Les Australiens ont conservé ce goût du combat, du plongeon pour éviter une sortie de balle ou du coup de coude saillant au rebond, mais ils peuvent désormais aussi compter sur des basketteurs très talentueux. Patty Mills, meilleur scoreur des JO 2012 à Londres, est toujours là pour faire le job en attaque avec bien plus de minutes que chez les Spurs. A ses côtés au sein du backcourt, Matthew Dellavedova a pris une dimension assez incroyable. Arrivé en NBA dans le rôle de défenseur strict, le nouveau joueur des Bucks s'est mué en éponge pendant plus de deux ans à Cleveland et est devenu un gestionnaire et un passeur extrêmement respectable. Ses 13 assists contre la Serbie de Teodosic lors du second match de la poule cette semaine en sont la preuve. [caption id="attachment_335374" align="alignleft" width="318"] Matthew Dellavedova a été magnifique contre la Serbie.[/caption] Joe Ingles, intéressant en sortie de banc la saison passée au Utah Jazz, est une gâchette bien connue des amateurs de basket européen et son influence en sélection n'est pas négligeable. Quant à la raquette Andrew Bogut-Aron Baynes, elle est un mix parfait d'expérience, de justesse et d'agressivité. Les Bleus et les Serbes se sont aperçus qu'ils avaient très probablement négligé  les chances australiennes de faire mieux que 4e dans ce groupe A. Angelo Tsagarakis, notre consultant pour ces JO, estime que cette entrée en matière fracassante n'est pas due au hasard et a été particulièrement impressionné par celui que LeBron James surnommait "Delly".
"Les leaders de l'équipe évoluent bien dans le registre qui est le leur. Dellavedova est par exemple très patient. Il n'est même pas en quête de scoring, il prend ce qui vient en étant agressif. On voyait Patty Mills coupé du ballon contre les Serbes, et derrière c'est lui qui a pris la relève mais de manière très humble, très mesurée, sans rien forcer. C'est ça qui est vraiment impressionnant avec cette équipe. Il y a une grosse cohésion et les mecs sont en mission. Ils n'ont rien à perdre, ils ne sont pas attendus au tournant et c'est justement ce qui est le plus dangereux. Ils sont capables de taper n'importe qui grâce à un cinq majeur tonitruant. Face à la Serbie, c'était du très haut niveau".

Simmons, Exum et Maker à l'avenir ?

Les Australiens n'ont-ils d'ailleurs qu'un "cinq tonitruant" ? Derrière les NBAers, on trouve tout de même des joueurs respectables, comme le vétéran David Andersen qui vient de passer trois années en Pro A, où l'intérieur Cameron Bairstow, dont le passage en NBA chez les Bulls ne restera pas dans les mémoires mais qui n'est pas dénué de qualités. [superquote pos="g"]"L'Australie sera un peu juste sur la longueur du tournoi".[/superquote]Les "Européens" Brock Motum (Zalgiris) et Ryan Broeckhoff (Kuban) ou les "locaux" Kevin Lisch, Chris Goulding et Damian Martin non plis, dans des registres de joueurs parfaitement conscients qu'ils ne sont là que pour faire souffler les titulaires. Dans l'idée, ce banc est nettement moins profond que celui d'autres nations qui ambitionnent de décrocher une médaille à Rio. Mais le fait d'avoir des éléments qui n'ont pas ce désir farouche de bousculer la hiérarchie semble être pour le moment un atout pour les Boomers, du moins tant qu'aucun des titulaires ne tire la langue ou n'ait de pépin physique.
"Je pense que l'Australie sera un peu juste sur la longueur du tournoi, parce qu'ils tirent déjà beaucoup sur les cadres. On voit que dès que Dellavedova prend une minute de repos, il est tout de suite remis sur le terrain. Sur les matches couperets, ils vont beaucoup tirer sur les cadres : Mills, Bogut, Dellavedova et même un peu Ingles", précise Angelo Tsagarakis.
[caption id="attachment_330199" align="alignright" width="318"] Ben Simmons sera sans doute aux prochains JO avec l'Australie.[/caption] Pour son troisième match dans le tournoi olympique, l'Australie va défier Team USA. Là où même des nations comme la Serbie et la France s'avancent déjà en victimes expiatoires, les Australiens dégagent une énergie qui leur fait aborder la rencontre avec confiance. Il ne serait pas si fou d'imaginer un match serré et accroché, surtout si les Américains s'attendent à être aussi peu sollicités que contre le Nigeria et la Chine. Les médias US ont revu leur copie concernant les Océaniens, initialement considérés comme un adversaire faible dans cette poule. Sur les sites locaux, des analystes s'interrogent même sur les chances d'Andrew Bogut et de ses partenaires d'aller extrêmement loin dans le tournoi, pour ne pas dire en finale. La tendance est à une deuxième place de l'Australie dans ce groupe A, là où personne ne peut annoncer avec certitude les quatre premiers du groupe B. Quel que soit le classement final des Australiens, ils auront posé les bases d'un avenir radieux. Il faut se dire que si ce groupe est déjà compétitif, il sera renforcé dans les années à venir par trois talents à même de les faire basculer dans une autre dimension : Ben Simmons, le n°1 de la Draft 2016, Dante Exum, le meneur du Utah Jazz freiné par une blessure au genou, et Thon Maker, dont le potentiel intrigue autant qu'il fascine.
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