Ben Simmons n’est pas parti mais son avenir ne s’écrit toujours pas aux Sixers

Ben Simmons n'a pas été échangé contre James Harden. Mais encore combien de temps avant que les Sixers s'en sépare ?

Ben Simmons n’est pas parti mais son avenir ne s’écrit toujours pas aux Sixers
Les Philadelphia Sixers ont-ils laissé filer une opportunité unique ? Ce n’est pas tous les jours qu’un MVP se retrouve sur le marché. James Harden voulait quitter les Houston Rockets à tout prix. Il se voyait même en Pennsylvanie (mais aussi surtout aux Brooklyn Nets). Daryl Morey et ses assistants ont négocié. Ils étaient prêts à inclure Ben Simmons dans un deal. Mais pas… Tyrese Maxey. Kyrie Irving n’inspirait vraiment pas les Rockets, Ben Simmons non plus… Ironique, non ? Même si, en réalité, offrir Maxey sans Simmons revenait au même : les Texans n’auraient pas accepté. Ils se sont finalement tournés vers l’offre des Nets, plus garnie en choix de draft. Mais ce n’est pas passé loin. Au point où les dirigeants des Sixers avaient même averti l’Australien de se préparer à un transfert. Ce devait être la fin d’une « époque » ou plutôt d’une « ère », celle du duo formé avec Joel Embiid dans la ville de l’amour fraternel. Un tandem qui ne fonctionne pas trop mal malgré les personnalités différentes des deux stars. Mais une association qui semble aussi vouée à l’échec malgré la jeunesse des deux bonhommes. Les Sixers ont beaucoup changé ces derniers mois. Doc Rivers a pris la place de Brett Brown sur le banc de touche. Morey s’est installé aux commandes, en effectuant de suite un léger lifting du cinq majeur avec les départs de Josh Richardson et d’Al Horford, remplacés par Danny Green et Seth Curry. Enfin un peu de spacing. Mais toujours le même problème de fond avec Simmons. Ce dernier serait soulagé de rester à Philly. Mais pour combien de temps encore ? Les négociations entreprises par Morey en disent long sur son statut. Normalement, ce sont les stars qui demandent leur départ. Lui revient comme monnaie d’échange dans les rumeurs. Il n’est pas intouchable, loin de là. Et ce alors même que son nouveau GM jurait le contraire il n’y a pas si longtemps. Tout le monde sait désormais que le Président des Sixers mentait (bon, on s’en doutait) au sujet de son All-Star. Comment le joueur va-t-il le prendre ? Va-t-il forcément tourner la page ? Se sentir désiré ? Ces rumeurs ont sans doute rendu encore plus difficile un début de saison délicat pour le gaillard, qui ne laisse jamais rien transparaître. Transfert de James Harden : les réactions de LeBron et de la NBA, le soulagement de Ben Simmons Les spéculations et les critiques ne l’atteignent pas. Du moins il ne donne pas l’impression d’être touché. Pourtant, il est devenu une punchline. Un sujet de raillerie en raison de son incapacité chronique à marquer le moindre tir à trois-points. Le thème est même devenu une question chronique des journalistes. Rivers y a eu le droit. Et à chaque fois, le coach réitère son soutien au premier choix de la draft 2016. Son adresse, il n’en a rien à secouer. Il l’aime pour la globalité de son jeu et de son profil.
« Ce n’est pas un meneur, un arrière ou un ailier. C’est un joueur de basket. On peut le mettre littéralement partout sur le terrain. »
L’une des nombreuses tirades de l’entraîneur à propos de Ben Simmons, un basketteur qu’il adore. Certainement vrai. Mais c’est à se demander s’il ne fait pas tourner le même disque en boucle dans la presse pour mettre en confiance son joueur. Parce quoi qu’en dise Rivers, les limites semblent bien réelles. Et pourtant, plusieurs statistiques laissent penser que ça marche quand même. Les Sixers dominent leurs adversaires de +10 points sur 100 possessions quand Embiid et Simmons jouent ensemble. Mais ils plafonnent avec seulement le Camerounais (+0,5) et ils se font marcher dessus quand l’Australien est seul aux mannettes (-7,9). Mais la vérité était bien différente la saison dernière : Philadelphie tournait nettement mieux avec juste Embiid. Les arrivées de Curry et Green, ainsi que le renouveau de Tobias Harris facilitent leur cohabitation. Mais en playoffs, ça peut encore une fois être un frein pour la franchise en playoffs. Parce que Ben Simmons est de moins en moins dangereux en attaque. De plus en plus passif. Ses qualités de playmaker sont indéniables et il balance encore 8 caviars par rencontre. Mais ça ne compense pas son manque d’agressivité balle en main. Et encore moins son efficacité en baisse.

Ben Simmons loin du cercle ? Zéro danger

Il est passé de 65 à 58% de réussite aux tirs à moins d’un mètre cinquante du cercle. Il est même complètement catastrophique dans la raquette en dehors de la « restricted area » : seulement 24%. Au même stade de sa carrière (sa quatrième saison), Giannis Antetokounmpo pointait à 67 et 40%. LeBron James à 69 et 40%. Simmons a déjà été comparé – injustement, ce sont deux MVP – à ces deux joueurs. Deux athlètes incroyables dotés d’une superbe vision du jeu et dont le tir faisait défaut. Mais tous les deux se montraient tout de même bien plus adroits de près… tout en l’étant aussi de loin. Le joueur de 24 ans n’est pas seulement inexistant de loin : il ne marque QUE sous le panier. Tout le reste de son arsenal offensif est vide. Et provoquer des fautes ne l’arrange même pas puisqu’il ne convertit que 63% de ses lancers-francs. Ça explique pourquoi il patine aujourd’hui à 12 points par match. Il y a une forme de régression, n’ayons pas peur des mots. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il ne progresse pas au rythme attendu, voire pas du tout. Et d’autres jeunes joueurs sont passés devant lui dans la hiérarchie. Il ne boxe pas dans la même catégorie que Luka Doncic. Peut-être pas même celle de Brandon Ingram, deuxième choix de la draft la même année que Simmons. L’ailier des New Orleans Pelicans est sans doute mieux coté maintenant. Même Trae Young, Ja Morant et compagnie semblent prendre le dessus. Sa valeur est pourtant intéressante à analyser ou à estimer. Parce que les Sixers vont devoir se poser la question : même après avoir raté James Harden, peut-être qu’ils devraient quand même transférer leur deuxième star.

Son poste idéal est barré par... Joel Embiid

Joel Embiid manquait à l’appel lors du match contre les Memphis Grizzlies. Et à l’arrivée, une défaite, comme si souvent en son absence, avec un Simmons qui n’a pas réussi à hausser son niveau de jeu en l’absence de son camarade. Deux air balls à trois-points, des Sixers qui concèdent 22 turnovers. Même Shake Milton est plus dangereux en attaque. Peut-être qu’il a juste besoin d’un changement de scénario, tout comme son organisation. Sur le papier, il a les atouts pour s’affirmer comme un joueur central d’une attaque… et d’une défense. Un vrai « two way ». Brillant en transition, potentiellement efficace sur pick-and-roll s’il est entouré de shooteurs. Il lui manquera toujours cette patte à quatre, cinq mètres. C’est d’ailleurs étrange, le tir est considéré par les coaches comme l’aspect le plus facile à travailler. Et pourtant, il ne franchit aucun cap dans ce domaine. C’est à se demander si la vraie bonne solution ne serait pas de le faire jouer pivot. Un peu à la Draymond Green. Ben Simmons excelle en défense, même près du cercle. Il a le corps et même la taille dans ce contexte « small ball ». Mais impossible de le faire jouer cinq… quand son équipe dispose déjà de l’un des trois meilleurs joueurs NBA sur la position. Les Sixers feraient mieux de se renseigner sur la disponibilité de Bradley Beal. L’arrière des Washington Wizards ferait un bien meilleur « fit ». Mais pour l’obtenir, il faudrait sans doute sacrifier Matisse Thybulle. Peut-être même… Tyrese Maxey. Again. En tout cas, difficile d’imaginer Philly aller au bout avec un All-Star si atypique, si souvent blessé et qui peine à passer le prochain cap.