JP Manova : « Si tu ne reconnais pas que LeBron est l’un des plus grands, c’est que tu as des problèmes dans ta vie »

Fine plume et fort en punchline, JP Manova est l’une des grandes révélations du rap français de ces dernières années. En son comme en basket, il est allé à bonne école.

JP Manova : « Si tu ne reconnais pas que LeBron est l’un des plus grands, c’est que tu as des problèmes dans ta vie »
La plupart d'entre vous connait probablement JP Manova pour ses qualités derrière un micro ou une console, mais il se trouve que le gars est également un fin connaisseur de basket. La preuve avec l'interview "crossover" qu'il nous a accordée dans le numéro 58 de REVERSE. REVERSE : J'ai cru comprendre que tu avais été à bloc sur les finales NBA... JP Manova : Bah ouais, comme chaque année. Je suis passionné de basket depuis mon plus jeune âge. J'y ai joué moi-même et je continue de le faire en asso quand j'ai un peu le temps, ce qui est de moins en moins le cas. Mais j'ai même eu l'occasion d'aller voir des matches NBA et je suis parti aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 et à London en 2012. A chaque fois j'avais mes tickets pour la Dream Team et un peu pour l'équipe de France. Donc ouais, je suis assez actif niveau basket. (Rires) REVERSE : Comment tu es tombé dans le bain ? JP : Quand j'étais petit, on n'avait pas la télé mais j'entendais mes camarades de classe qui parlaient de Michael Jordan, un mec qui était encore tout jeune et qui venait d'arriver. J'allais à l'école dans Paris, où il y avait des mecs dont les parents avaient un tant soit peu plus de thunes que les miens (rires) et donc qui avaient Canal +, alors que pour moi ce n'était même pas envisageable. Du coup, ça a été d'abord les VHS de « Come Fly With Me » ou celles de Magic. A l'époque, elles tournaient, on en faisait des copies, c'était les premiers souvenirs. Et puis aussi la première fois que j'ai vu un match commenté par Georges Eddy, après, tu ne décroches pas. (Rires) REVERSE : Tu jouais sur Paris ? JP : Ouais, j'ai longtemps joué sur les playgrounds, à Glacières au tout début, à Stalingrad un peu plus tard. On a fait des playoffs terribles à Glacières ! (Rires) J'ai vu arriver les premiers playgrounds parisiens. Il y avait bien évidemment Bir Hakeim, il fallait prendre un ticket pour pouvoir jouer, c'était un peu relou. On allait jouer au Luxembourg, mais bon c'était pour se faire voir, pour serrer des meufs. (Rires) Glacières, c'était petit mais j'y ai passé des étés. REVERSE : Tu as vraiment connu l'âge d'or du street parisien. Tu as dû croiser les Sonko et tout ça, non ? JP : Ils pouvaient passer. Sonko, Magloire, c'était plus à Porte de Clignancourt. Et puis il y a eu les premiers tournois organisés par adidas au Trocadéro, quand ils ont fait venir Kevin Johnson. J'étais là. (Sourire) https://www.youtube.com/watch?v=xnn-ZplWPlk REVERSE : Quels sont les joueurs qui t'ont le plus marqué ? [superquote pos="d"]"Si tu ne reconnais pas que LeBron est l'un des meilleurs joueurs de l'histoire, c’est qu'un mec qui lui ressemblait a serré ta meuf"[/superquote]JP : La saison où j'ai vraiment chopé le virus, c'est quand j'ai vu les finales 1994 entre Houston et New York. J'ai pris la pile, là ! Olajuwon, c'était vraiment un modèle pour moi. Comme je te le disais, on n'avait pas toujours Canal, c'était un peu compliqué, mais j'achetais tous les magazines de basket possibles, du genre Sport Action Basket, ou bien je les tapais. (Rires) Il n'y a pas très longtemps, j'en ai retrouvé en faisait le ménage, ils annonçaient l'arrivée de Shaquille O'Neal en NBA. Ils disaient « C'est un monstre, il mesure 2,20 m ! ». Mytho, déjà. (Rires) Et puis, un grand souvenir aussi, c'est que j'ai eu des problèmes de santé un peu plus jeune qui ont fait que j'ai dû passer pas mal de temps à l'hosto, mais du coup ma mère avait eu la bonne idée de me prendre la télé. Il y avait Canal + et c'était en plein pendant les JO de Barcelone, en 92. Dans mon malheur, j'ai pu voir beaucoup de matches de la Dream Team et quand je suis tombé sur Charles Barkley – qui avait fini meilleur scoreur, ce qu'on ne dit pas assez –, après il fallait absolument avoir ses baskets. (Rires) Je n'avais pas forcément un joueur phare, mais j'avais un engouement pour les mecs qui faisaient le spectacle. REVERSE : Et qu'est-ce que tu as pensé des finales de cette année ? JP : Déjà, je voudrais revenir sur toute la saison parce que ça a été une saison EX-TRA-OR-DINAIRE ! C'est l'une des plus belles qu'on ait pu vivre. Il y a eu énormément d'émotion. J'étais devant ma télé pour le dernier match de Kobe, il nous a offert une prestation qu'on n'oubliera pas. C'est curieux de voir comment tu peux jouer toute ta vie, avoir le palmarès que tu veux, mais que ce qu'on retient de toi, c'est la dernière image. Et c'est ce qui joue en la défaveur de Steph Curry sur ces finales. Il a fait la saison de sa vie, je ne sais pas s'il pourra la refaire, il a battu des records incroyables... Ils ont perdu neuf matches en saison régulière mais ils en ont perdu aussi neuf en playoffs. C'est là où on t'attend et où les choses sérieuses commencent réellement. On s'en fout de la façon dont tu te qualifies pour les playoffs. C'est cool, t'as fait 73 victoires, mais sois là quand ça compte. Je pense que c'est un joueur qui est jeune et qui va apprendre de ses erreurs et on a vu qu'il en a fait quand même pas mal. Comme la passe dans le dos pour Klay Thompson qui arrive dans les tribunes. C'est emblématique de la façon dont il a pris ces finales. REVERSE : Tu arrives à comprendre qu’il y ait encore autant de LeBron haters ? [superquote pos="d"]« J'ai un peu un côté Westbrook »[/superquote]JP : Je pense que là, si tu ne reconnais pas que c'est l'un des meilleurs joueurs de l'histoire, c'est que tu ne connais pas le basket. C'est que tu as des problèmes dans ta vie ou qu'un mec qui lui ressemblait a serré ta meuf. (Rires) Il a forcé le respect. Il revient de l'enfer. Et clairement, ce qu'il a dit qu'il allait faire, il l'a fait. REVERSE : Il y a un joueur dans lequel tu te reconnaîtrais un petit peu ? JP : C'est compliqué... (Il réfléchit) Je ne dirais pas que c'est à cause de son style, mais c'est vrai que j'ai un peu un côté Westbrook. Je ne vais jamais lâcher l'affaire et j'ai un côté un peu tête de mule, avec les fils qui se touchent. (Rires) Mais celui qui m'inspire vraiment beaucoup, c'est Hakeem Olajuwon. Un mec qui n'a jamais trop parlé, qui reste posé, calme et qui a le respect de tout le monde. C'était une pointure. REVERSE : En ce qui concerne ton actualité à toi, à quoi est-ce qu'on peut s'attendre de ta part ? JP : Je vais rééditer l'album « 19h07 » à la rentrée avec cinq titres supplémentaires et d'ici la fin de l'année il y aura un deuxième album. Suivez JP Manova sur twitter : @JPManova / L’album de JP Manova « 19h07 » (Synth-Axe/Modulor) est dans les bacs Cette interview est extraite du numéro 58 de REVERSE, toujours disponible [product id="330809" sku=""]

Bonus : Le clip "Pas de bol" de JP Manova

https://www.youtube.com/watch?v=o9grpnO5Qfs