Russell Westbrook et Chris Paul, le feu et la glace

Pour la première fois de leur carrière, Russell Westbrook et Chris Paul se retrouvent face à face en playoffs. Une opposition de style alléchante.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / ANALYSES / Focus
Russell Westbrook et Chris Paul, le feu et la glace
Peut-on parler d’un duel entre deux générations lorsqu’on évoque le « matchup » à venir entre Chris Paul et Russell Westbrook ? Après tout, le meneur des Los Angeles Clippers n’a que trois ans de plus (28 contre 25) que son rival du deuxième tour. Pourtant, il s’agit là d’une vraie opposition de style. Paul est l’un des derniers meneurs gestionnaires « à l’ancienne » (même s’il n’a pas non plus été formé dans le même moule qu’un John Stockton ou qu’un Mark Jackson) alors que Westbrook est un scoreur prolifique. Mais l’issue de leur duel sera sans doute déterminante sur la série entre les Clippers et le Thunder.
« Ce sont deux des meilleurs  meneurs de la ligue, deux des meilleurs joueurs de la ligue », assure Scott Brooks à The Oklahoman. « Ce sont deux incroyables compétiteurs. Ça va nous donner un super duel. »

Russell Westbrook, le feu

Plus grand, plus costaud et plus rapide que Chris Paul, Russell Westbrook n’est pas vraiment un meneur de jeu au sens premier du terme. A l’instar de Derrick Rose, il a révolutionné le poste.
« C’est un athlète dynamique qui peut poser de gros problèmes à son vis-à-vis. C’est un joueur agressif. Il doit maintenir un équilibre (entre gestion et agression du cercle) et il l’a trouvé lors des deux derniers matches. »
Véritable cheval de course, « RW » doit encore apprendre à tempérer son énergie et ses émotions. Le joueur de 25 ans a parfois tendance à s’égarer en se montrant… trop agressif, trop « foufou ». Mais c’est ce qui fait l’essence même de son jeu. Face aux Memphis Grizzlies, nous avons vu les deux facettes du personnage. D’un côté un spécialiste de la démolition – de l’adversaire et de sa propre équipe –, auteur de 26 points en 27 tentatives (!) en quatre matches (Game 2 à 5), et de l’autre un meneur plus gestionnaire, capable de faire briller ses coéquipiers et notamment le meilleur d’entre eux, Kevin Durant. Note positive : Westbrook a été exemplaire lors du dernier match de la série, le plus important, en terminant  la partie avec un triple-double et 16 passes décisives (record en playoffs). Les Grizzlies étaient donc un bon test pour lui.
« Mike Conley (le meneur de Memphis) est similaire à Chris Paul. Ce sont deux meneurs de petite taille et astucieux qui bougent beaucoup. Ils demandent beaucoup de pick&roll et ils sont capables de finir près du cercle », explique Kevin Durant.
Si Russell Westbrook attaque le cercle sans relâche tout en n’abusant pas des tirs à trois-points trop hâtifs, il pourrait faire exploser la défense des Clippers, certes en progression, qui peine lorsque les rotations à effectuer sont trop nombreuses. Mais la star d’Oklahoma City devra aussi veiller à ne pas prendre de risques de l’autre côté du parquet. Elle a parfois tendance à chercher l’interception à tout prix, quitte à se jeter et à s’exposer à la punition de son adversaire. Face à un meneur aussi malin que Chris Paul, il pourrait le payer cash.

Chris Paul, la glace

Contrairement à Russell Westbrook, Chris Paul ne s’appuie pas sur ses qualités athlétiques, même s’il n’a pas non plus le physique de Steve Novak. Le meneur All-Star de Los Angeles est un joueur malin et… vicieux. Il a tendance à mettre des coups à douce et à râler en permanence auprès des arbitres pour obtenir gain de cause. Deux caractéristiques qui font de lui un meneur parfois détesté (ou adulé, selon le point de vue) par les fans et les autres joueurs de la ligue. DeMarcus Cousins le qualifiait même de « tricheur ». Mais Paul est avant tout un compétiteur hors norme, l’un des joueurs NBA dont la mentalité se rapproche le plus d’un Michael Jordan par exemple. Il veut constamment prendre le dessus sur son adversaire, par n’importe quel moyen. Ceux qui considèrent « CP3 » comme un « perdant » par le simple fait qu’il n’a jamais passé un second tour de playoffs ne l’ont sans doute jamais vu joué. La star a une haine viscérale de la défaite. Sur le parquet, il se comporte comme un général. Il dicte le jeu des Clippers, en relais de Doc Rivers. Chris Paul monopolise donc le ballon. Si Russell Westbrook parvient, grâce à sa puissance physique, à contenir Paul le plus loin possible du cercle, c’est toute l’attaque de Los Angeles qui sera déstabilisée. Comme l’expliquait Kevin Durant, on peut s’attendre à beaucoup de pick&roll, notamment avec DeAndre Jordan. Le pivot des Clips est bien plus rapide que Kendrick Perkins pour « rouler » vers le cercle et nul doute que cette caractéristique n’échappera pas à Chris Paul. Reste à savoir si ce dernier tiendra le coup en défense. Il a parfois très bien contenu Stephen Curry lors du premier tour, esquivant avec brio les écrans des joueurs de Golden State. Il a aussi été bien aidé par Matt Barnes et J.J. Redick. Barnes, justement, est le meilleur défenseur de l’effectif de Doc Rivers. Mais il aura pour mission de défendre sur Kevin Durant (pauvre Matt). Paul devra donc trouver d’autres soutiens.
« On va essayer plusieurs défenses différentes sur Russell Westbrook. Chris ne peut pas défendre sur lui pendant 48 minutes », prévient déjà le coach des Clippers.
Chris Paul risque de laisser beaucoup d’énergie en défense s’il doit se coltiner le meneur du Thunder pendant l’intégralité de la rencontre. Les deux coaches auront sans doute des ajustements à faire en fonction des performances des deux meneurs stars. On devrait assister à un duel assez fantasque, comme on les aime. Première round ce soir.
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