Le Jazz est très solide mais… pas assez pour le titre

Le Utah Jazz a réussi l'un des plus beaux recrutements du championnat jusqu'à présent. Malgré ça, la franchise de Salt Lake City n'est pas encore favorite.

Le Jazz est très solide mais… pas assez pour le titre
L’intersaison du Jazz a commencé un peu avant tout le monde. Quelques heures avant la draft, la franchise de Salt Lake City récupérait Mike Conley aux Grizzlies en envoyant deux joueurs de devoir (Jae Crowder, Kyle Korver), le jeune Grayson Allen et son tour de draft à Memphis. Déjà un très joli coup de la part du management. Ce transfert posait les ambitions de l’organisation au sein d’une Conférence Ouest chamboulée par la blessure de Kevin Durant puis son départ pour Brooklyn. Les dirigeants du Jazz sentent l’opportunité. Alors ils ont dépensé des dollars lors des trois premières journées de la Free Agency. 73 millions sur quatre ans pour l’ailier croate Bojan Bogdanovic. 10 millions pour Ed Davis, qui débarque pour deux saisons. Puis les paris peu coûteux que sont Jeff Green et Emmanuel Mudiay. Chaque mouvement est intéressant de par son profil, son prix ou son futur rôle au sein de l’équipe. Ce sont des renforts intelligents susceptibles de gommer des points faibles du groupe de Quin Snyder. Utah était par exemple trop dépendant de Donovan Mitchell en attaque la saison dernière. Notamment en playoffs. Le jeune sophomore était le seul joueur de l’effectif capable de réellement représenter une menace balle en main. Le seul créateur. Et malgré des qualités indéniables, l’arrière talentueux manque encore d’expérience à ce niveau. Il n’avait pas assez de soutiens offensifs. Un aspect que le Jazz a donc cherché à renforcer en priorité, avec Conley et Bogdanovic. Il y a maintenant un deuxième playmaker doué et habitué aux joutes des playoffs. Conley, 31 ans, meneur emblématique des Grizzlies, a réussi la meilleure saison de sa carrière avec plus de 21 points et 6 passes de moyenne en 2018-2019. Il peut s’affirmer comme le complément idéal de Mitchell. Autour d’eux, Bogdanovic est une gâchette à même d’étirer les lignes en étant une menace constante derrière l’arc. Il n’est pas non plus manchot balle en main et peut jouer 3 ou 4. 18 points par match l’an dernier, 42% à trois-points. Là aussi le meilleur exercice de sa carrière. Joe Ingles, joueur solide, est désormais relayé au rang de quatrième option dans la hiérarchie. Et c’est une sacrée quatrième option. L’Australien aura plus d’espace pour créer et bénéficiera sans doute de plus de tirs ouverts (40% à trois-points en carrière). Ça peut faire très mal. Surtout que le banc a aussi été amélioré avec les arrivées de Green, « 3 and D » polyvalent et expérimenté, et de Mudiay, jeune meneur capable d’amener du dynamisme contre les seconds cinq adverses. C’est vraiment très solide. La « hype » naissante autour de la franchise est clairement justifiée. Cette équipe n’a pas grand-chose à envier à celle de 2017 qui avait atteint le deuxième tour des playoffs avec Gordon Hayward et George Hill. Donc ça peut aller loin dans une Conférence remaniée. Mais… est-ce que c’est vraiment suffisant pour vraiment rêver grand ? Il y a un point commun entre les quatre équipes – Portland, Golden State, Milwaukee et Toronto – qui ont été en finales de Conférence cette année. Elles disposaient chacune d’au moins l’un des dix meilleurs joueurs du monde : Stephen Curry et Kevin Durant pour les Warriors, Damian Lillard pour les Blazers, Giannis Antetokounmpo pour les Bucks et Kawhi Leonard pour les Raptors. La ligue évolue mais la recette du succès est toujours la même depuis des décennies : pour aller au bout, il faut une individualité beaucoup plus forte que les autres. Le Jazz peut-il se targuer d’avoir ça ? Non, a priori. Ni du top-10 et peut-être même pas du top-20 non plus. Le roster est peut-être peuplé de trois joueurs du top-30 et c’est déjà très bien. Ça fait penser aux Hawks de 2015. Un superbe collectif avec de très bons joueurs – Al Horford, Jeff Teague de l’époque, Paul Millsap quand il était All-Star, etc. Atlanta avait dominé la saison régulière avant de se faire « sweeper » en finales de Conférence par LeBron James. Finalement, le seul qui a le potentiel pour s’affirmer comme une superstar, c’est Mitchell. S’il explose cette saison, la donne sera différente. Il va attaquer sa troisième année en NBA. Et ça tombe bien parce que les jeunes prometteurs ont tendance à franchir un – grand – palier à ce moment-là. S’il confirme les belles promesses (deux saisons à plus de 20 points), le Jazz peut viser plus haut. Parce que malgré toutes ces recrues, tout dépendra encore une fois de lui, d’une manière ou d’une autre : Utah ira aussi loin qu’il peut porter cette franchise.