James Harden aux Nets, le changement c’est maintenant

Attaquant hors-pair mais décrié pour son excès d'individualisme, James Harden est arrivé aux Nets avec une nouvelle mentalité

James Harden aux Nets, le changement c’est maintenant
En l'espace de quelques mois, les Brooklyn Nets sont passés d'un banal qualifié en playoffs à l'équipe la plus observée de la planète basket. Parce qu'on a choisi d'y associer trois des plus grands talents offensifs de la ligue. Peut-être même les trois meilleurs. En réunissant Kevin Durant, James Harden et Kyrie Irving, la franchise a créé quelque chose de très spécial. Dans l'histoire de la NBA, aucun trio de la sorte n'a été assemblé. Il y en a eu des plus complets, des plus complémentaires. Mais pas des aussi bons au niveau du talent pour foutre la balle dans le panier. C'est ça qui électrise la chose et qui, surtout, interroge vivement. Comment peuvent-ils s'entendre ? Comment répartir les tâches ? À qui donner le ballon dans tel ou tel contexte ? Comment leur faire comprendre que des sacrifices doivent être faits pour conquérir le but ultime ? Il y aussi la question du caractère. KD est très susceptible et soucieux de l'image qu'il renvoie. Kyrie Irving est dans son monde. Un monde où la Terre est plate. Mais un monde où il aide comme jamais son prochain. On ne le met pas assez en avant mais Kyrie a multiplié les bonnes actions ces derniers temps. En revanche, il faut gérer ses sautes d'humeur. Boston n'a pas réussi à le faire. Brooklyn a déjà beaucoup de mal.

Le paradoxe James Harden

Et puis il y a James Harden. Un gros fêtard mais un attaquant incroyable, sans doute l'un des meilleurs de l'histoire. Paradoxalement, c'est aussi l'un des plus emmerdants à regarder. Parce que voir un mec dribbler pendant 22 secondes une attaque sur deux et lâcher un step back à 8m, c'est pénible et ce n'est pas réellement la conception dit du sport collectif qu'est le basket. On s'est donc forcément posé la question. Qui des trois allait se mettre en retrait ? La logique aurait voulu que ce soit celui qu'Internet appelait déjà Alfred en référence à Batman et Robin, à savoir Kyrie Irving. Mais c'est là aussi le paradoxe James Harden. S'il est ce fabuleux finisseur décrié pour son individualisme forcené, il est aussi un excellent passeur et celui qui a la meilleure vision des trois. Ce qui lui permet d'enchaîner les triple-double, comme le dernier cette nuit. Alors Steve Nash en a fait son nouveau meneur. Il est celui par qui tout part. La rampe de lancement. Sans doute une idée soufflée par Mike D'Antoni, qui est le premier assistant de Nash. Dernier arrivé, James Harden a compris qu'il devait devenir cette troisième option du scoring. Encore une fois paradoxal quand on sait qu'il est triple meilleur marqueur en titre. On a tendance à oublier qu'il a aussi été meilleur passeur en 16-17 avec plus de 11 offrandes/match. Depuis 2014, il n'est même jamais descendu sous les 7 passes de moyenne. Irving et Durant sont des scoreurs purs, moins enclins à devenir ce chef d'orchestre. Il a déjà eu ce rôle à Houston, sans avoir deux superstars à ses côtés. C'est donc plus facile à Brooklyn.

De meilleur marqueur NBA à troisième option offensive

Voilà maintenant huit matches que James Harden est arrivé aux Nets. Dans l'aspect visuel, on remarque déjà de gros efforts. Il y a moins d'isolations, lui qui était le maître incontesté en la matière. Plus de pick and roll, de passes en première intention qui donnent le rythme à l'attaque. Et plus de passes décisives, à savoir 11,1. Soit la meilleure moyenne pour un joueur cette saison. Il recherche en permanence les autres et si ses coéquipiers étaient un poil plus adroits par moments, il serait à 12-13 caviars. Il en fait même parfois trop en recherchant des lobs alors qu'il n'a plus qu'à envoyer la balle dedans. Une intégration par excès d'altruisme. Forcément, cela se traduit par une baisse drastique de ses munitions offensives. On le répète, il est celui des trois dont le profil se rapproche le plus d'un organisateur. Il y a donc forcément moins de tirs, et moins de points. Il faut remonter à son époque OKC pour le voir aussi peu scorer (24,5 points), soit il y a neuf ans ! Même chose pour les tentatives de tirs (15,7) alors qu'il n'a jamais autant joué dans sa carrière avec 41 minutes passées sur le terrain. Cela ne fait que huit rencontres, et il faudra attendre les playoffs pour faire un constat définitif. Mais pour l'heure, James Harden a compris qu'il devait adopter ce nouveau rôle de "gestionnaire" (à vraiment mettre entre guillemets) pour le bien être de l'équipe. Reste maintenant à se mettre au niveau en défense puisque les Nets ont toujours autant de mal dans ce secteur. Les Nets et la défense, c'est clairement pas ça