Preview – Anthony Davis, l’envol du Pelican

Anthony Davis est la preuve vivante qu’Emmanuel Chain n’est pas le seul à réussir sa vie en dépit d’une pilosité sourcilière sur-développée. Le sophomore des Pelicans a « musclé son jeu » durant l’été, comme dirait Aymé Jacquet.

Preview – Anthony Davis, l’envol du Pelican
16 février 2014, New Orleans Arena. Chouchou du public et ovationné par la foule, Anthony Davis est bien présent. Le sourire timide, le bonhomme lève la tête au moment où le speaker appelle son nom, repris en cœur par la foule. A sa droite, James Harden, à sa gauche, Kevin Love. Le sophomore tient-là sa première étoile. Deuxième saison NBA et première participation au All-Star Game, Davis est le digne représentant des Pelicans, toujours en course pour les playoffs à la mi-février grâce aux exploits de leur intérieur longiligne… Certes, tout ceci n’est que fiction. Mais à l’heure où nous enchaînons les différentes prévisions en vue de la prochaine saison, nous avons souhaité nous pencher de plus près sur le cas du premier choix de la draft 2012. Fort d’un été riche et très prometteur, Anthony Davis a les cartes en main pour débuter son ascension vers le statut de superstar qui lui semble promis depuis ses exploits au lycée, à Chicago. Il devait déjà crever l’écran la saison passée mais un certain Damian Lillard est venu lui voler la vedette. Victime de plusieurs blessures – entorse du genou, commotion cérébrale – l’homme qui arbore fièrement un unique sourcil comme marque de fabrique a manqué dix-huit rencontres lors du dernier exercice. « A.D » s’est acclimaté à la NBA, le voici prêt à passer à la vitesse supérieure.

Prendre du poids pour gagner en altitude

Les débuts du protégé de John Calipari (un de plus) dans la ligue ont finalement un parfum d’avant-goût des possibilités quasi-illimitées de Mr Davis. Malgré une progression ralentie par les pépins physiques, il a tout de même bouclé la saison – à l’infirmerie – avec des statistiques plus que correctes : 13,5 points (à 51% aux tirs, 75% aux LF), 8,2 rebonds, 1,2 steal et 1,8 block en 29 minutes de jeu. Solide. L’ex-Hornet a d’ailleurs progressé tout au long de la saison. Il était plus percutant à son retour du All-Star Game (11 points, 9 rebonds et 2 contres lors du Rising Stars Challenge), enchaînant alors régulièrement les performances autour des 15-20 pions avec également une pointe à 18 rebonds face aux Grizzlies, pourtant experts en la matière. Malheureusement, une nouvelle blessure est venu stopper Anthony Davis dans son élan. Trop frêle – 99 kilos pour 2,08 mètres en début de saison dernière – il a peiné à tenir le rythme infernal d’une campagne NBA classique. L’enfant inarrêtable au lycée et en NCAA s’est fait secouer dans la raquette face aux « gros » gabarits. C’est donc un Anthony Davis bien plus robuste que l’on devrait retrouver dès le mercredi 30 octobre pour le premier match des Pelicans 2013-2014 face aux Indiana Pacers.
« J’ai pris au moins cinq ou six kilos et je veux en gagner deux de plus », résumait Anthony Davis au Times Picayune fin septembre. « Ce serait l’idéal pour moi. J’ai augmenté les portions à chaque repas et je pousse de la fonte. J’en ressens déjà les premiers effets. »   « Lorsque vous regardez son corps, vous vous rendez compte immédiatement du changement car il a passé du temps à la salle de musculation », complète son coach, Monty Williams.
Ses camarades invités au camp de Team USA cet été en ont fait les frais. Champion Olympique à Londres avec LeBron James, Kobe Bryant et compagnie en 2012, Davis a dominé en juillet ses jeunes compatriotes susceptibles d’intégrer l’équipe lors de la Coupe du Monde 2014. Après trois jours de camp, le Pelican éclaboussait le public lors du scrimmage entre les joueurs sélectionnés pour l’occasion. Avec 22 points et 7 rebonds, A.D a porté « Blue Team USA » sur épaules (un peu plus larges). Seul Kyrie Irving a fait mieux ce jour-là. De quoi obtenir les louanges de Mike Krzyzewski, coach de la sélection américaine :
« Anthony Davis a encore été très bon comme l’an passé, il a encore franchi un palier », confiait coach K après la rencontre. « Il a progressé tout au long du weekend et il a sorti un gros match ce soir. »
[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=hbhtLxCRQDA[/youtube] Davis ne s’est pas arrêté là. Dès son retour de Las Vegas, le jeune joueur s’est remis au boulot avec le staff des Pelicans.
« Il m’a impressionné, il a vraiment franchi un cap en matière d’éthique de travail », s’exclame son coéquipier Lance Thomas, présent lors des séances d’entraînement éprouvantes de l’ancienne star de Kentucky.
La prise de poids d’Anthony Davis a plusieurs conséquences sur son avenir dans la ligue. Couvé par Monty Williams l’an passé, le jeune homme va être lancé pleinement dans le grand bain cette saison. Avec un corps plus robuste et plus résistant, il va d’abord gratter du temps de jeu. Une superstar ne passe pas "seulement" 29 minutes sur le parquet à 20 ans. Pour jouer plus, Davis doit évidemment éviter les blessures – ce qui pourrait être le cas avec un corps plus « fort » - et également se décaler au poste de pivot sur certaines séquences. Avec six kilos de plus, l’intérieur longiligne va pouvoir lutter avec un peu moins de difficultés dans la peinture. Même s’il n’est pas une véritable menace offensive dos au panier – il préfère attaquer le cercle en faisant parler une vitesse d’exécution supérieure à celle des autres big men – le natif de Chicago risque de finir les rencontres au poste de pivot au sein d’un cinq « small ball » composé de Jrue Holiday, Eric Gordon, Tyreke Evans, Ryan Anderson et Anthony Davis donc.

Anthony Davis : The new (Big) Ticket ?

Finalement, la grande problématique réside dans la faculté d’Anthony Davis à conserver son explosivité tout en prenant de la masse. Deux programmes a priori contradictoires. Le joueur devra donc trouver un équilibre. En ce sens, on pourrait comparer la jeune star des Pelicans à Kevin Garnett. Longiligne, polyvalent et gros défenseur, « mono-sourcil » présente des similitudes avec KG. Présenté à tort comme une réplique de Marcus Camby  en raison de ses fondamentaux défensifs, on serait tenté d’affirmer qu’Anthony Davis en a bien plus dans le ventre – no offense pour le pivot dont la carrière fut plus qu’honorable. Le futur Hall of Famer des Brooklyn Celtics (non, ce n’est pas ça ?) est déjà fan du jeune champion :
[superquote pos="d"]"Ce gosse sera très bon" Kevin Garnett[/superquote]« Ce gamin est long. J’ai l’air d’un nain a côté de lui, mec… Ce gosse sera très bon, vraiment très bon », déclarait Kevin Garnett après une défaite de Boston face à New Orleans en janvier dernier.
Offensivement, Anthony Davis a encore une grosse marge de progression. Même s’il est plutôt adroit aux LF, le futur franchise player de New Orleans n’est pas une menace fiable à plus de 3 mètres du cercle. Il peut rentrer des jump-shoots mais il le fait avec encore trop d’inconstance (les chiffres en détails), ce qui est presque logique pour un joueur de son âge. Cette tendance à shooter à mi-distance s’explique par le fait qu’Anthony Davis avait du mal à prendre la position au poste-bas. En revanche, le gamin a une vraie science du placement. A l’instar de Chris Andersen au Heat, il adore débouler ligne de fond pour profiter des décalages crées par ses arrières et ainsi conclure près du cercle en alley-oop ou par un gros dunk. Avec des slashers comme Tyreke Evans ou Jrue Holiday à ses côtés, il pourrait se régaler cette saison. De même, le jeune homme est efficace sur pick-and-roll. QI basket, explosivité et… agilité, Anthony Davis a de nombreux atouts dans sa manche. Meneur de jeu jusqu’à sa saison freshman en high-school – avant de prendre de la taille – il a un bon dribble pour un joueur de 2,08 m. Illustration sur cette action, lors du scrimmage Team USA. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=45BDBq1g6GI[/youtube] Anthony Davis ne prenait que dix tirs par match l’an passé. Monty Williams lui demandera probablement de prendre un peu plus de responsabilités en attaque cette saison. Le message est déjà reçu du côté du big man. Pour ses premières sorties en pré-saison, Davis a tout simplement été énorme, enchaînant les performances de qualité (bon, ok, c’est la pré-saison mais tout de même) malgré un temps de jeu limité. 21 points en 26 minutes pour débuter face aux Rockets, 25 autres face à Dallas, 29 contre Orlando et 23 pions passés aux Hawks. A l’arrivée, ce sont quatre victoires pour les Pelicans. Pour info, Anthony Davis n’avait pas marqué plus de 24 points la saison dernière… Le travail semble payer et cela tombe bien, le joueur n’a pas peur de se mettre au boulot, encore et encore.
« Tous les grands joueurs bossent dur. Peut-être que vous ne les voyez pas travailler mais ils le font. Je veux être un grand joueur un jour dans cette ligue donc je fais comme eux. Je bosse aussi dur que possible. »
Anthony Davis a tout le potentiel pour être un grand joueur. Il devrait prendre les clés de New Orleans cette saison. Car même si les dirigeants ont fait du bruit en recrutant Tyreke Evans et Jrue Holiday, ils sont conscients que le succès de la franchise passe d’abord par leur prodige.
« Je suis excité de démarrer la saison », assure Davis. « On a ajouté de bons éléments à notre équipe, on a un nouveau nom, un nouveau centre d’entraînement et ils veulent améliorer la salle. On a tous bossé dur, fait de la musculation et nous nous sommes bien préparés pour la saison. Quand les mecs sont dévoués comme ça, vous n’avez rien à demander de plus. »
Les fans attendent désormais qu’Anthony Davis déploie ses longs bras afin de planer sur la ligue tout en portant les Pelicans vers les sommets…