San Antonio, le paradis des basketteurs oubliés

Les role player ont la belle vie à San Antonio. Les hommes du banc de Gregg Popovich ont un impact sur le succès des Spurs et ils ne s'imaginent pas jouer ailleurs.

San Antonio, le paradis des basketteurs oubliés
Ils sont australiens, français, canadien ou brésilien. Ils ont joué en D-League, en France, en Chine ou dans le reste de l’Europe. Ils ont été négligés par toutes les franchises NBA. Toute sauf une, les San Antonio Spurs. Et aujourd’hui, les hommes du banc de l’équipe texane tiennent leur revanche. Ils sont Boris Diaw, Corey Joseph, Aaron Baynes, Patty Mills, Tiago Splitter ou Danny Green. Des noms qui ne font pas rêver. Des joueurs qui ne vendent pas de maillots et qui ne rapportent pas des sommes colossales à leur franchise en produits dérivés. Des joueurs qui n’ont – sauf exception (« Babac » !) – pas connu le succès en dehors de leur équipe actuelle. Des joueurs qui ont rarement eu du temps de jeu ailleurs. Danny Green est un très bon exemple. L’arrière était l’un des candidats pour le titre de MVP des finales (il ne l’aurait sans doute pas eu mais bon…) si les Spurs avaient décroché le titre l’an passé. Et pourtant, il y a encore quatre ans, la carrière NBA du shooteur d’élite était mise entre parenthèses. Malgré quatre saisons complètes dans la faculté prestigieuse de North Carolina – où il a battu de nombreux records – il n’a été drafté qu’au second tour par les Cleveland Cavaliers en 2009. Il n’a presque pas joué et les Cavs l’ont coupé après que le départ de LeBron James pour Miami. Green est alors passé par la D-League et la Slovénie. Les Spurs lui ont donné sa chance une première puis une deuxième fois. Aujourd’hui, il s’éclate au sein des systèmes texans et profitent du jeu en mouvement pour arroser à trois-points (53% de réussite derrière l’arc depuis le début des finales). Hors de question pour lui de quitter San Antonio.
[superquote pos="d"]"Je suis béni d'être ici." Danny Green[/superquote]« Non je ne m’imagine pas jouer ailleurs pour être honnête. Je suis béni de faire partie de cette organisation et de cette équipe. Je suis béni de pouvoir jouer avec des grands joueurs comme Tim Duncan, Tony Parker ou Manu Ginobili. J’espère qu’ils resteront ici encore un peu plus longtemps, pour le bien de ma carrière. »
Alors qu’il évoluait aux Charlotte Hornets, Boris Diaw savait déjà où il voulait jouer. Lassé par la situation en Caroline du Nord, le Français a négocié un buyout avec ses dirigeants. Direction San Antonio.
« La philosophie du coach, le style de jeu de l’équipe et la présence de Tony Parker ont influencé ma décision », expliquait Boris Diaw.
« Babac » était fait pour jouer aux Spurs. Ses talents à la passe, sa vision du jeu et son altruisme sont mis en valeur du côté de San Antonio et les observateurs américains redécouvrent l’excellent Boris Diaw qui faisait les beaux jours des Phoenix Suns il y a quelques années. Au-revoir les blagues sur sa condition physique, bonjour les clips mettant à l’honneur ses passes aveugles et ses passes dans le dos. Diaw sera libre cet été et il a sans doute attiré les regards sur lui depuis le début des finales. Mais peut-on l’imaginer ailleurs que dans le Texas la saison prochaine ? Un joueur comme Patty Mills a peut-être plus de chance de quitter San Antonio. Le meneur remplaçant des Spurs impressionne depuis son retour de Chine. Lui aussi a connu un parcours particulier. Il a voyagé, d’Australie – son pays – en Asie en passant par la D-League. Drafté par les Blazers, il n’a pas été conservé en 2011. Il est désormais l’un des hommes forts du banc des éperons. Libre cet été, on suppose qu’une franchise prendra le risque de le surpayer grassement. Mais aurait-il le même impact en dehors de San Antonio ? Et Tiago Splitter, prolongé par la franchise texane sur quatre saisons (36 millions de dollars) l’été dernier après avoir été approché par les Portland Trail Blazers, aurait-il pu s’imposer dans une franchise ?
« Je ne m’imaginais pas jouer autre part. Je ne pense pas que je puisse être mieux qu’ici. Je suis vraiment très heureux et j’espère rester encore longtemps. »
Nous vous relations ce matin le transfert qui a changé l’avenir des Spurs, ce fameux échange qui a eu lieu le soir de la draft 2011. Cette nuit-là, les texans ont mis la main sur Kawhi Leonard. Trois ans plus tard, il est déjà le joueur le plus important de l’équipe et il est l’un des candidats au titre de MVP des finales en cas de succès de San Antonio. Aurait-il connu le même développement en dehors de San Antonio ? Le simple fait de se poser la question donne un indice sur la réponse.
« Je ne m’imagine pas jouer ailleurs », prévient déjà le jeune ailier si calme et si timide en interview. « C’est l’équipe qui m’a drafté. Je voulais jouer pour une équipe qui sait comment gagner des matches. Donc, non, je ne m’imagine pas être ailleurs. »
San Antonio n’est pas une destination prisée par les stars libres chaque été. Et pourtant, les Spurs sont au sommet de la NBA depuis plus de quinze ans et ils courent après leur cinquième titre NBA. Du coup, les dirigeants texans compensent ce manque d’attractivité en réalisant des coups lors de la draft ou en enrôlant des joueurs en qui personne ne croit. Et, comme par hasard, aucun de ces joueurs en question ne veut quitter la franchise par la suite. Et c’est comme ça depuis des années maintenant… Si les Spurs sont les dieux du basket, San Antonio est certainement le paradis des basketteurs oubliés…