Westbrook-CP3 : les gagnants et les perdants du trade

Westbrook-CP3 : les gagnants et les perdants du trade

Russell Westbrook a été tradé aux Houston Rockets la nuit dernière. Qui s'en sort le mieux dans ce move majeur d'un mois de juillet complètement fou ?

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Russell Westbrook n'est donc plus un joueur du Oklahoma City Thunder. Le meneur All-Star a été envoyé aux Houston Rockets, en échange de Chris Paul, de deux futurs premiers tours de Draft et deux possibilités d'échange de picks. Ce move est sans doute le point final d'un été incroyablement riche en changements d'équipes pour les superstars. Analyse.

Russell Westbrook : gagnant

Après 11 ans dans l'Oklahoma, Westbrook va donc changer d'équipe. Lorsqu'il a signé son contrat max, Russ pensait sans doute finir sa carrière au Thunder. La franchise elle-même avait sans doute ça en tête. Westbrook achèverait son parcours dans la peau d'une légende locale, avec le maillot d'OKC sur le dos. Après tout, il est "celui qui est resté", en opposition à Kevin Durant, parti chercher le bonheur ailleurs. Mais la donne a changé. A partir du moment où le Thunder a décidé qu'il fallait tout reconstruire, il n'était plus pertinent de conserver Russell Westbrook. Ce dernier n'aurait peut-être jamais forcé de trade, mais c'est un service rendu au MVP 2017 que de lui offrir la possibilité d'être compétitif lors du dernier chapitre de sa carrière. Westbrook quitte donc OKC adulé par les fans, qui blâmeront davantage leurs dirigeants et Paul George que le joueur lui-même. Il débarque dans une situation plutôt appréciable, chez l'un des contenders à l'Ouest, pour s'associer à l'un de ses meilleurs amis dans le business, James Harden. Lorsqu'il a su que le Thunder voulait le trader, "Brodie" avait identifié une réunion avec le "Bearded One" comme son option préférentielle. Il a été exaucé.

Chris Paul : gagnant

On va partir du principe que Chris Paul ne restera pas à OKC et qu'une re-direction est imminente. Passer les dernières années de sa carrière dans une équipe qui se reconstruit dans des proportions aussi violentes n'a aucun intérêt pour "CP3", qui attend toujours sa première participation à des Finales NBA. En quittant Houston, le meneur All-Star va pouvoir tourner la page au bon moment. Son confort de travail n'était plus assuré après sa brouille avec James Harden et ses soutiens au sein de la franchise n'étaient plus nombreux. Reste maintenant à trouver une opportunité qui lui permette de rester compétitif et important dans cette ligue. Le Miami Heat constituerait un rebond intéressant, même si un tandem avec Jimmy Butler contient aussi son potentiel d'électricité...

Le Thunder : perdant et gagnant

Lorsque l'on est fan d'une équipe qui évolue dans un petit marché, voir des superstars s'en aller n'a rien de réjouissant. C'est généralement le signe de longues années de disette et de reconstruction. Il y a 7 ans, OKC comptait dans ses rangs Kevin Durant, Russell Westbrook et James Harden.  Puis Paul George, arrivé en 2017 dans le cadre d'un trade. Quatre joueurs qui entreront probablement au Hall of Fame de Springfield. Trois MVP et un basketteur souvent bien classé dans la course aux récompenses individuelles. En quelques années, le noyau est parti en fumée. Ce départ de Russell Westbrook est l'aveu d'un échec. Le Thunder ne pouvait pas gagner avec lui comme leader. Sam Presti a essayé de s'en persuader pendant un temps, mais la réalité l'a rattrapé. C'est en ça que la franchise affiche aujourd'hui une mine défaite. En revanche, impossible de ne pas saluer l'audace et le courage de Presti. Le GM n'a pas voulu faire dans la demi-mesure, ni vivre des semaines et des mois tendus avec des joueurs mécontents ou frustrés. OKC repart de zéro et sans arrière pensée. Une page neuve qui va permettre à Sam Presti de construire l'effectif comme il l'entend, avec un arsenal de picks sans commune mesure qui offrira peut-être à nouveau aux fans un groupe méchamment compétitif dans quelques années.

Les Rockets : gagnants, mais...

On ne sait pas si cette arrivée sera parfaite sur le plan du fit. Russell Westbrook et James Harden ont tous les deux besoin du ballon dans des proportions assez gigantesques. Le tandem avec Chris Paul a fonctionné pendant un temps. Celui-ci a des chances de marcher aussi si les deux amis y mettent du leur. En tout cas, Daryl Morey a réussi à se défaire d'une situation sclérosée avec "CP3". La collaboration avec Harden n'était plus positive et mieux valait arrêter les frais avant que les deux hommes ne se détestent cordialement. Houston conserve du star power - ce qui reste une garantie solide pour jouer le titre - et retrouve un peu de sérénité, mais aussi de l'excitation. Avoir deux des trois derniers MVP dans son cinq et récupérer un meneur de trois ans plus jeune que Chris Paul, c'est forcément appréciable. A voir si la mayonnaise reprendra comme du temps où Harden était le 6e homme de luxe du Thunder. Si on les considère aussi un peu perdants, c'est en raison de la nature du contrat de Westbrook. Russ est sous contrat jusqu'en 2023 (player option en 2022) et peut décider d'activer une dernière année à 47 millions de dollars (!) pour ses 34 ans. Si ce deal avait du sens pour OKC, qui voulait rassurer la fan-base et faire de Westbrook son visage, c'est nettement moins pertinent pour les Rockets. Ce n'est un secret pour personne que le jeu du MVP 2017 est basé en partie sur ses qualités athlétiques. Il semble compliqué de l'imaginer toujours aussi virevoltant après avoir subi, comme chaque année ou presque, de multiples interventions pour retaper son genou. A l'instant T, la greffe peut prendre et l'opération est bonne. Dans quelques années, si ça ne fonctionne pas, Houston aura dans les pattes l'un des contrats les plus lourds de l'histoire.

Mike D'Antoni : perdant

Le style de jeu de Mike D'Antoni nécessite des shooteurs à 3 points efficaces à tous les postes ou presque. A la mène, le voilà qui récupère un joueur qui shoote de manière compulsive derrière l'arc sans être jamais parvenu à devenir fiable dans ce secteur. Russell Westbrook a un paquet de qualités, mais pas celle de savoir faire évoluer son jeu. Pas sûr que ce soit le fit idéal avec un coach à la philosophie bien établie et à la tête parfois dure, que l'on disait déjà en bisbille avec Daryl Morey. Ce choix de miser sur Westbrook est un signe de plus que D'Antoni quittera Houston au terme de son contrat en 2020.

Shai Gilgeous-Alexander : gagnant

On se disait, au cas où Russell Westbrook reste à OKC, que la configuration allait freiner la progression de Shai Gilgeous-Alexander. On a adoré voir la saison rookie du Canadien chez les Clippers et il méritait mieux que d'évoluer dans l'ombre de Westbrook sans jamais avoir les clés du jeu. Désormais, "SGA" est l'une des têtes de gondole du projet de reconstruction et il va être intéressant de voir son éclosion dans ce contexte.

Steven Adams : perdant, pour le moment

Steven Adams est le dernier des Mohicans. Le Néo-Zélandais est le plus ancien joueur de l'effectif (drafté en 2013) et doit quand même avoir un peu le blues ce matin. Dans quelques jours ou semaines, Adams sera sans doute dans la colonne des gagnants, avec un trade dans une équipe plus ambitieuse qui voudra exploiter son fighting spirit. C'est ce qu'on lui souhaite en tout cas. Mais en attendant, il faut se dire qu'il est coincé dans un effectif fracassé à coups de bulldozer, après avoir vu la plupart de ses meilleurs amis en NBA partir ou être tradés : Kevin Durant, Enes Kanter et Russell Westbrook pour ne citer qu'eux. Son contrat (53 millions sur 2 ans avant sa free agency) n'est pas si simple à placer dans un trade et il se pourrait bien que Steven Adams débute la saison avec OKC.

Les médias d'OKC : gagnants

La paire Kevin Durant-Russell Westbrook a été très compliquée à couvrir pour les journalistes locaux. "KD" était du genre susceptible, Westbrook a lui un vrai dédain pour les médias. Les réponses en trois mots de Russ ou ses imitations parfaites du taiseux MarShawn Lynch ne manqueront pas aux reporters d'OKC.

Le dégré de véracité des propos de Daryl Morey : perdant

Quand Daryl Morey a annoncé que tout allait bien entre James Harden et Chris Paul, précisant que les médias devaient arrêter les fake news et que les deux hommes débuteraient la saison avec les Rockets, on avait eu un petit doute.

Le fan qui rallume son téléphone après 15 jours dans un trou paumé : perdant

Imaginez la tête du type qui rentre d'une retraite spirituelle au Tibet entamée au lendemain des Finales NBA. En consultant les infos NBA, le gars va constater que Kevin Durant, Kyrie Irving, Kawhi Leonard, Paul George, Russell Westbrook et D'Angelo Russell ont tous changé d'équipe...

Adrian Wojnarowski : gagnant

Les autres insiders de la ligue pensaient sans doute que le pape du scoop allait leur laisser un peu de lumière une fois les moves des gros poissons de la free agency entérinés. Raté : Woj a lâché une nouvelle bombe nocturne avec ce trade de Westbrook et confirmé son emprise tyrannique sur les breaking news de la NBA. Sur ce coup, il a quand même travaillé avec Royce Young, spécialiste du Thunder, et n'a pas manqué de souligner son implication. C'est fair play.  
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