The Last Dance 3 et 4 : Les échecs de MJ, la folie de Rodman

The Last Dance se poursuit avec des épisodes 3 et 4 passionnants consacrés en grande partie à la personnalité de Dennis Rodman et aux échecs de Michael Jordan.

The Last Dance 3 et 4 : Les échecs de MJ, la folie de Rodman
Comme chaque lundi, retrouvez nos impression sur les deux épisodes de la semaine de "The Last Dance", la série documentaire sur la dernière saison de Michael Jordan aux Chicago Bulls. - Les images des Pistons-Bulls des 90’s sont quand même bien folles en termes de dureté. Pour ceux qui n’avaient rien lu sur les “Jordan Rules”, ça doit quand même faire un choc de voir une superstar se manger des pains comme ça. C’est pas pour faire les vieux cons, mais on aimerait voir nos cracks d'aujourd’hui dans un contexte aussi hardcore pour voir lesquels tiendraient le coup mentalement et physique. Dennis Rodman résume bien ça dans l’épisode 3 :

“A l’époque, tu pouvais casser la gueule des gens et t’en sortir avec une faute ou une technique”.

- D’ailleurs, c’est seulement après les défaites contre les Pistons en 89 et 90 que Jordan a accepté de faire de la musculation. Il était grand et sec. Il ne passait pas de temps à la salle. Puis il s’est mis en temps de prendre du muscles pour mieux encaisser les chocs. Il a même pris 7 kilos au total, passant de 90 à 97 kilos. Renforcé, il a pu battre Detroit l’année d’après. - On - c’est à dire les fans de basket - a tendance à oublier à quel point Michael Jordan a attendu et galéré avant de vraiment atteindre les sommets. Pas les sommets individuels, mais collectifs. Il y a eu des années de disette. Des sorties au premier tour des playoffs. Puis il s’est cassé les dents - presque littéralement - contre les Pistons à la fin des 80’s. Des échecs répétés qui étaient nécessaires. Et c’est vraiment important de le souligner. Surtout à notre époque où l’on demande à tout le monde de gagner, et tout de suite. Il n’y a plus ce recul. On demande à chaque superstar de faire comme Jordan et de décrocher des titres. Six sur six. Mais non. Justement. Jojo a connu son lot de peines. Il souffrait des comparaisons avec Larry Bird et Magic Johnson, moins forts mais considérés comme des champions. Puis il y a eu la libération après le premier titre en 1991.    

Dennis Rodman, l'incroyable OVNI

- Tout l’arc autour de Dennis Rodman était comme prévu bien fou. Ses deux ans passés dans la rue quand sa mère l’a viré du domicile, le personnage qu’il s’est construit à Detroit, ses tendances dépressives, ses virées à Sin City… Le mec vivait tout à 2000%. - Il y a évidemment le moment culte où MJ raconte ce jour où Rodman est venu lui annoncer qu’il voulait prendre des vacances au beau milieu de la saison pour aller à “Fucking Vegas” pendant 48h et où Jordan lui-même est venu le récupérer dans sa chambre de l’hôtel pour le sortir du pieu avec Carmen Electra qui se planquait sous la couette. - Le voir mettre des contres à des avions de chasse comme Charles Barkley ou des légendes comme Kareem Abdul-Jabbar, ça fait quelque chose. - Et pourtant, Dennis Rodman mesurait à peine 2,01 mètres. Mais ça ne l’empêchait pas d’être un rebondeur incroyable. Avec les image, on réalise à quel point il pouvait enchaîner les sauts. Et c’est assez impressionnant. Il parvenait à décoller une deuxième juste après avoir posé les pieds au sol. Sans doute l’une des clés de ses performances dans ce domaine. Avec la rage de vaincre. Mais aussi de l’entraînement. Rodman raconte qu’il restait à la salle à 3 ou 4 heures du matin pour forcer ses potes à tirer pendant que lui étudiait les différentes trajectoires du ballon selon les positions du shooteur. Un dingue, dans tous les sens du terme. - Une autre preuve que Dennis Rodman était un monstre athlétique malgré son hygiène de vie scandaleuse ? Le Indian Drills raconte par Michael Jordan, au lendemain du retour de Rodman de sa virée à Vegas. Phil Jackson voulait le remettre en forme et a donc lancé un relais où le dernier mec de la file devait prendre les commandes jusqu’à ce que les autres le rattrapent. Jordan et les autres, dégoûtés de payer pour les frasques de leur coéquipier, ont gentiment tanké en faisant un petit jogging. Sauf que quand Rodman a pris la tête, il a sprinté tellement fort que les Bulls ont mis… quatre tours à la rattraper. - La série ne rentre pas vraiment dans le détail sur le jour où Rodman a été retrouvé dans sa caisse devant le Palace d’Auburn Hills avec un flingue. On vous raconte ce qui s’est réellement passé dans cet article. Ce qui est fou, c’est que c’est peut-être un morceau du groupe Pearl Jam qui a empêché Dennis Rodman de mettre fin à ses jours... - Le “Partyman de Prince” utilisé pour le portrait de Rodman, plus les Beastie Boys derrière, c’est beaucoup trop de souvenirs. Rendez-nous les 90’s bordel !  
  - Le tir sur Craig Ehlo est l’un des plus grands moments de la carrière de Michael Jordan. Mais le contexte est parfois oublié. Déjà, tout le monde donnait les Cavaliers gagnants de cette série. Cleveland avait une jeune équipe qui montait à l’Est. Ensuite, si MJ a été incroyablement clutch sur cette fameuse action culte du Game 5, ça efface le fait qu’il avait justement raté un lancer-franc important lors du Game 4, gagné par les Cavs. Comme quoi, même les plus grands ont leur moment de faiblesse.  
  - Des années après, le pauvre Ron Harper est encore vener qu’on ne l’ait pas laissé défendre sur MJ à ce moment-là. Son coach a désigné Ehlo alors que Harper lui avait demandé s’il pouvait s’occuper de Jordan. Et Jordan lui-même, dans l’épisode 3, reconnaît que celui qui défendait le mieux sur lui était son futur coéquipier... - Les discussions tactiques/défense entre MJ et Rodman sur le banc en live, c’est du bonbon. - D’ailleurs, ces deux épisodes mettent clairement en avant l’intelligence de jeu de Rodman. Souvent décrit comme un mec fantasque et barjot, ce qu’il est certainement, l’intérieur était aussi un défenseur très malins, capable de comprendre tout ce qui se passait sur un terrain. Souvent avec plusieurs coups d’avance. Et c’est aussi ça, en plus de sa condition physique, de sa détermination de son agilité, qui l’aidait à défendre sur autant de profils différents. - C’est marrant parce que c’est dans The Last Dance qu’on se rend compte l’influence que Madonna a pu avoir sur Rodman. Leur histoire romantique (et sexuelle…) est bien connue mais on apprend par exemple que c’est l’icône de la pop qui a encouragé Dennis à vraiment embrasser son personnage à une époque où il était encore très “sobre”. Elle l’a encouragé à être “lui-même”. Il n’en fallait pas plus pour que le bad boy s’affiche soudainement avec des robes, des chapeaux et des cheveux rouges, verts, jaunes ou même les trois. - “Je peux jouer gratuitement mais on est payé pour gérer la pression extérieure et toutes ces conneries.” La punchline du documentaire. Signée Dennis Rodman, évidemment. Une phrase simple qui capture parfaitement le défi que représente la NBA pour ses athlètes qui adorent leur sport mais qui sont confrontés à un monde impitoyable. D’où les millions de dollars.    

Le rôle-clé du Zen Master

- Vous n’avez pas rêvé. C’est bien Craig Sager (RIP), l’homme aux costumes les plus scandaleux de l’histoire du journalisme NBA, que l’on voit croiser Rodman dans le couloir des vestiaires et lui filer 20 dollars en prévision de l’amende qu’il va prendre. - Vous n’avez pas rêvé “bis” : C’est bien Joey Crawford que l’on voit basher Rodman après que celui-ci lui a demandé de mieux regarder les fautes dont il était victime. “Je vois surtout la merde que tu fais”, lui a répondu le déjà très aimable Joey… - Phil Jackson a droit à son arc narratif lui aussi. Il faut reconnaître que vu qu’il n’était pas la star de ces Knicks de 73, les derniers à avoir gagné un titre NBA à New York, on connaissait mal le style du joueur. C’était drôle d’apprendre qu’il était considéré comme un Rodman à l’ancienne. Et ça peut expliquer que malgré leurs personnalités apparemment aux antipodes, les deux hommes ont créé un lien incroyable. Leur intérêt commun pour l’histoire des Indiens d’Amérique est aussi touchant. - Petite pépite de l’épisode 4 : le récit de l’aventure de Phil Jackson à Porto Rico. Avant de connaître le glamour de Chicago et L.A., le Zen Master a fait ses gammes dans un bled où le maire avait été interdit de stade parce qu’il avait tiré avec un flingue dans la jambe d’un arbitre, et où les joueurs arrivaient à la salle en se faisant caillasser leurs bagnoles comme pour un OM-PSG. - La nouvelle génération connaît surtout Doug Collins comme ex-coach des Sixers et consultant à la télé. On a pu redécouvrir le coaching transpirant et passionné de Collins à la fin des années 80, avec une belle relation avec Jordan là-aussi. Il a quand même fallu coupé le cordon et mettre Phil Jackson sur le banc pour que MJ change un peu d’approche. Et le plus grand bénéficiaire de ça - et du retour au premier plan de Tex Winter, l’inventeur de l’attaque en triangle - c’est assez clairement Scottie Pippen qui s’est réinventé dans un rôle de point forward.    

Bulls-Pistons, la haine est tenace

- C’est impressionnant à quel point Michael Jordan et Isiah Thomas continuent de se détester aujourd’hui. Pour “Zeke”, c’est plus du passif agressif et des sourires. Pour MJ, c’est franc du collier. Le plus intéressant, c’est qu’il a l’air de plus lui en vouloir du fait que les Pistons ne sont pas venus serrer la main aux Bulls après le 4-0 de 1991, que du calvaire anti-sportif qu’il a vécu pendant trois ans avec les Jordan Rules. - Pas facile de positionner sur ce qu’ont fait les Pistons. Thomas a raison dans le sens où les gens n’ont jamais vraiment critiqué les Celtics de Bird et McHale pour ne pas avoir serré la main des Pistons en 1990, mais ont lynché les Bad Boys pour avoir fait la même chose. En revanche, Jordan avait été fair play les deux années précédentes en allant féliciter ses bourreaux et c’est assez logique qu’il ait attendu la même chose de leur part… - On a quand même bien ri quand Horace Grant a décrit les Pistons : “Straight out bitches”. - On arrête pas de nous dire que Scott Burrell prend incroyablement cher durant "The Last Dance”. Pour le moment, ça va à peu près, mais on sent que ça monte gentiment en pression. L’une des dernières scènes de l’épisode 4 montre Michael Jordan et Scott Burrell assis face à face dans l’avion. MJ lui met une sauce terrible et ne lâche pas l’affaire en évoquant le fait que Burrell change de meuf comme de chemise et sort d’une cuite. “Arrête Mike, ne dis pas ça devant la caméra, mes parents regardent”.  

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Retrouvez chaque lundi les récaps des épisodes de "The Last Dance", le documentaire sur Michael Jordan