LeBron James & Anthony Davis : les clés de la naissance du meilleur duo de NBA

LeBron James & Anthony Davis : les clés de la naissance du meilleur duo de NBA

Les Los Angeles Lakers pourront continuer à rêver très grand tant que LeBron James et Anthony Davis continueront à s'entendre aussi bien.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Les yeux mouillés, Anthony Davis, assis sur un banc alors que les dernières secondes de la saison défilent au chronomètre, ne peut retenir ses larmes. L’émotion est trop forte. Il réalise qu’il sera sacré champion NBA dans quelques instants. Le rêve de toute une vie pour un basketteur. LeBron James, qui connaît bien ce sentiment, passe par là au même moment. « Oh le pleurnichard. Tu es soft », ricane le King. De faire réagir instantanément AD, qui troque ses pleurs pour un grand sourire jusqu’aux oreilles. Pas d’animosité entre les deux, que de l’amour. Une fois le buzzer retenti, c’est dans les bras de Davis que se jette James. Pari réussi pour les deux bonhommes. Un accomplissement superbe qui va les lier à jamais. Sacrés dès leur première année ensemble. C’est pourtant le fruit d’un travail de longue haleine. Les deux All-Stars évoluaient déjà ensemble au sein de l’équipe américaine médaillée d’Or aux Jeux Olympiques de Londres en 2012. Davis sortait tout juste de la fac. Premier choix de la Draft quelques semaines auparavant, il n’avait encore jamais mis les pieds en NBA. Sept ans après, LBJ tenait absolument à retrouver son camarade. Ce dernier tournait en rond à New Orleans. Comme un symbole, il s’est orienté vers Rich Paul pour changer d’agent deux ans avant l’expiration de son contrat. La planète NBA le voyait venir : la demande de transfert. Vers Los Angeles. Et effectivement, en février, le joueur réclamait son départ. Magic Johnson n’est pas parvenu à conclure un deal avec les Pelicans. Son successeur à la tête des Lakers, Rob Pelinka, l’a fait. Les jeunes Lonzo Ball, Josh Hart et Brandon Ingram sacrifiés. En plus de plusieurs choix de draft. Un sacré pactole. Trop ? Une théorie avancée sur les réseaux sociaux : les Angelenos se seraient « trop » saignés pour faire venir un basketteur très doué mais souvent blessé. Que ça paraît ironique aujourd’hui. « Trop » ne s’applique que très rarement aux superstars, surtout celles de la trempe d’Anthony Davis. Un joueur capable d’exceller des deux côtés du terrain. L.A. récupérait là sa deuxième tête avec LeBron James. Et le natif d’Akron obtenait satisfaction après avoir demandé du renfort – et précisément Davis – avec insistance au terme d’un exercice sans playoffs, le premier depuis 2005.

Anthony Davis à la rescousse

« Après mes sept premières années à Cleveland, j’ai eu le sentiment que j’avais besoin d’aide. C’est ainsi que j’ai pu aller à Miami, où Dwyane Wade et Chris Bosh m’ont poussé. Avoir AD avec nous signifiait beaucoup pour moi. On lui a fait savoir à quel point il est fort, on lui a donné une opportunité de jouer un meilleur basket et de faire partie de quelque chose de spécial. Et le fait qu’il me fasse confiance est encore plus important à mes yeux », confie le désormais quadruple champion NBA.
Pour James, la présence de Davis lui assurait de pouvoir continuer à viser le titre. Plus de « Big Three » mais un « Big Two » d’exception. Parce que l’intérieur longiligne est plus qu’un lieutenant de luxe du roi. C’est son alter ego, du moins dans les responsabilités sur le parquet. Au point où l’on pouvait se demander lequel était le meilleur joueur des deux. Pas le patron, mais juste le plus brillant. Un débat futile – et encore, pas tant que ça – mais qui fait partie de la culture du sport et de la NBA. Ces questions se poseront toujours. Elles animent notre passionné et notre communauté. Mais dans le cas présent, au final, peu importe la vraie réponse. Parce que ce qui est évident, c’est que les deux hommes se tirent vers le haut. Constamment. Ils s’entraînent ensemble. Ils passent du temps ensemble en dehors du terrain. De la communication, pas de rivalité. La clé de leur succès. Et ils en sont conscients.
« Notre secret, c’est que nous ne sommes pas jaloux l’un de l’autre. Dans le sport professionnel, quand deux mâles alpha joignent leur force, les ego peuvent parfois tout briser. Nous, c’est l’inverse. On sait qui on est et on sait ce que l’on veut. Et quand en plus, il y a du respect, le ciel devient la seule limite », confiait LeBron James. Même refrain chez Anthony Davis, sur la même longueur d’onde que son aîné : « Du respect, une vraie amitié. Nous sommes proches sur le terrain et encore plus en dehors. Je suis toujours chez lui, il est toujours chez moi. Pas de jalousie entre nous. Il me met au défi d’être meilleur et je fais de même. »

Deux superstars, un objectif

Avec, un objectif commun. Le titre. Avancer dans la même direction, avec la même vision. Quitte à ne pas hésiter à dire à l’autre non pas ce qu’il a envie d’entendre mais ce qu’il doit entendre. Ne pas être d’accord avec James n’est pas facile. Son QI basket est historiquement élevé. Son niveau d’efforts en défense… nettement moins. En tout cas avant l’arrivée de Davis. Parce que le transfuge des Pelicans refusait de se coltiner seul le boulot de ce côté du parquet. Alors il est intervenu auprès de son camarade à chaque fois qu’il s’est senti dans l’obligation de le faire.
« ‘C’était à toi d’y aller.’ ‘N’essaye pas de prendre la balle.’ ‘C’était ta rotation’ », rétorquait AD à chaque erreur de LBJ. « Et LeBron l’acceptait », raconte le coach Frank Vogel.
Comment LeBron s’est remis en question grâce à Anthony Davis Le James de 35 ans arrive à prendre du recul, à se remettre en question et à accepter les critiques ou les remarques. De son côté, il s’évertuait à assurer son rôle de mentor auprès de Davis. En le poussant notamment à suivre avec rigueur le bon régime alimentaire tout en multipliant les soins préventifs pour éviter les blessures, son gros point faible depuis son arrivée en NBA. LeBron avait besoin de lui. Mais il avait besoin de lui en bonne santé pour aller au bout. Une influence payante, avec neuf matches manqués en tout et pour tout et aucun en playoffs. Un tandem injouable pour le reste de la ligue. 111,2 points marqués pour 103,2 encaissés en moyenne sur 100 possessions en 1455 minutes passées ensemble sur les parquets pendant la saison régulière. 116,5 marqués pour 101,7 encaissés en playoffs. Domination. Totale. Une impression de facilité qui se dégage à chaque fois que les deux stars se partagent la gonfle.
« Je pense qu’Anthony Davis est le meilleur coéquipier que James ait connu en NBA. Et ce n’est pas un manque de respect envers Dwyane Wade », déclarait notamment Kendrick Perkins, ancien joueur devenu analyste.

Meilleur coéquipier de LeBron James et meilleur duo NBA

Un bel hommage validé par Dwyane Wade lui-même. Consultant le temps des finales, Evan Fournier n’est pas du même avis mais il apporte des précisions et s’oriente plus vers la nuance que Perkins soulignait également : Davis est le joueur qui complète le mieux James.
« Il y a eu beaucoup de débats sur quel était le meilleur coéquipier de LeBron James. Je ne suis pas d’accord pour dire que c’est le meilleur joueur. Je pense toujours que Dwyane Wade reste le meilleur. Néanmoins, ça reste le meilleur complément parce que LeBron joue à l’extérieur, AD joue à l’intérieur. Il y a un très grand respect de Davis pour LeBron, c’est-à-dire qu’il se met un peu en retrait sur tout ce qui est médias, etc. Mais LeBron est assez intelligent pour mettre en avant Davis sur le terrain. Ils se complémentent très bien. (…) Les deux sont passeurs. Ils sont très altruistes ensemble, et c’est vrai que pour moi, c’est le meilleur duo de la NBA et dans la carrière de LeBron, c’est le meilleur complément pour lui. »
Le meilleur duo de la ligue… ce titre le prouve. Kawhi Leonard et Paul George (Los Angeles Clippers) se sont ramassés. James Harden et Russell Westbrook (Houston Rockets) ont été balayés par les Lakers. On va éviter de citer Ben Simmons et Joel Embiid (Philadelphia Sixers) par respect aux familles des victimes. Anthony Davis et LeBron James sont au-dessus. Et ils peuvent s’affirmer comme l’un des plus grands tandems de tous les temps. La catégorie des Karl Malone et John Stockton, Shaquille O’Neal et Kobe Bryant, Michael Jordan et Scottie Pippen, etc. Attention, ils n’y sont pas encore. Pas après une saison. Pas même après un titre. Pour ça, il faudra plus de vécu. Plus d’épreuves. Et bien évidemment plus de titres. Ça tombe bien, c’est dans leurs plans. Et en pleine célébration, quand les rires remplaçaient les larmes, LeBron avait un autre message à passer à Davis, nettement moins moqueur et plus sérieux : « nous avons encore du boulot devant nous. » Oh que ça promet.
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